L’un des plus beaux paysages côtiers du pays, les Outer Banks désignent une série de petites îles barrières, séparées du continent par un lagon (pas un lagon tropical non…), qui sont en réalité les résidus de très anciennes dunes submergées. Les îles des Outer Banks, comme autant de perles le long d’un collier, s’étirent sur près de 250 kilomètres du nord au sud, de la frontière avec l’état de Virginie jusqu’au Cape Lookout près de la ville de Beaufort. La région marque assez nettement une progression vers le sud du pays, en terme climatique et de paysages. C’est une destination très attrayante, quoique peu fréquentée par les visiteurs internationaux. On y trouve de splendides plages sauvages, qui forment le premier atout des lieux, des marais mystérieux et quelques petites villes agréables.
La région des Outer Banks est assez isolée, malgré sa réputation auprès des touristes américains. On ne peut y accéder qu’avec son propre mode de transport. La zone la plus développée se situe au niveau de la petite agglomération regroupant les stations balnéaires de Kitty Hawk, Kill Devil Hills et Nags Head. On y trouve une grande partie des motels, restaurants et maisons à louer des Outer Banks. L’autre destination principale est l’île de Roanoke, site historique où l’on trouve le plus beau village de la région, Manteo. Pour le reste, c’est la nature qui domine, et elle fait preuve ici d’une beauté exceptionnelle.
Kitty Hawk, Kill Devil Hills & Nags Head
Dans la conscience collective américaine, les Outer Banks c’est un peu comme les Landes pour les Français. De longues plages océaniques, d’immenses pinèdes, une ambiance à la cool qui tend vers l’esprit surf, une appartenance bien marquée (ici matérialisée par les nombreux stickers OBX que tout le monde colle fièrement un peu partout), et des vacances détentes dans de petites stations balnéaires qui sentent bon les embruns. Kill Devil Hills ou Nags Head sont donc un peu les Biscarosse ou Hossegor des Outer Banks. Se sont de petites stations balnéaires, alignées en bordure d’océan Atlantique le long de la route US-158, qui est la colonne vertébrale des Outer Banks. Accéder à la plage n’est pas toujours simple, mais il existe à intervalle régulier des passages publics entre les maisons.
Que ce soit Kitty Hawk (la moins développée), Kill Devil Hills (la plus développée) ou Nags Head, les trois stations se ressemblent. Elles se composent de nombreuses maisons de vacances, la plupart du temps en bois et sur pilotis pour celles qui sont en front de mer, d’une longue et belle plage de sable blond en contrebas d’une dune (en réalité la même plage qui longe les trois villes), d’une poignée de motels, de restaurants (dont quelques chaînes de fast-food, on est aux USA quand même) et de quelques boutiques (principalement sur le thème du trio surf, fringues et souvenirs). Pour le reste, l’activité majeure reste de profiter de la plage, de voir le lever du soleil le matin côté océan ou le coucher le soir côté baie (ou lagon). L’ambiance y est tout à fait agréable et l’endroit est propice à la détente. Ne soyez pas surpris d’apercevoir des poneys sauvages sur certaines plages, notamment au nord de Kitty Hawk autour de Corolla. Inutile d’essayer de grimper dessus, ce sont des animaux sauvages.
Cependant, peu de visiteurs étrangers se rendent dans les Outer Banks, car on traverse rarement l’Atlantique pour passer 15 jours à se la couler douce dans un cottage de Kitty Hawk. En dehors de la situation, il n’y a effectivement pas grand-chose à voir ou à faire.
À Kill Devil Hills on peut visiter le Wright Brothers National Memorial, qui rend hommage aux célèbres frères Wright, Orville et Wilbur, deux pionniers de l’aviation américaine qui ont pour la première fois fait voler un avion motorisé. Un monument de granite leur est dédié au sommet d’une dune qui est en réalité la colline de Kill Devil qui donne donc son nom à la ville.
Un peu plus loin à Nags Head, il ne faut pas manquer de se balader dans le parc de Jockey’s Ridge qui se trouve le long de la route 158 entre Kill Devil Hill et Nags Head. On y trouve d’immenses dunes, les plus hautes de la côte est du pays, et c’est dans l’ensemble un lieu superbe, notamment au coucher du soleil. Certains paysages rappellent un peu la savane africaine. Il faut se garer au parking du parc puis explorer librement le site à travers les dunes et jusqu’au lagon.
Île de Roanoke
Sur le lagon, entre le continent et l’île de Bodie Island (où se trouve Nags Head), Roanoke Island est accessible des deux côtés par un pont. C’est ici que les Anglais se sont installés pour la première fois en Amérique du Nord. Un fait historique assez confus, car au bas mot une centaine d’autres lieux prétendent la même chose le long de la côte est. Toutefois avec une colonie établie en 1585, nul doute que c’est l’une des premières tentatives d’installation. Comme ce fut un échec, c’est surtout désormais un argument touristique plutôt qu’historique.
Il n’y a rien d’authentique qui reste de cette colonie. Le Fort Raleigh National Historic Site contient une petite reconstruction d’un fort bâti par les colons avec de la terre. Plus intéressant, un musée retrace l’histoire et les mésaventures de cette colonisation, largement connue sous le nom de The Lost Colony (la colonie perdue). Ce surnom vient du fait que la colonie a disparu sans laisser de traces et dans des circonstances qui restent mystérieuses. Les historiens penchent pour une fuite face aux armadas espagnoles d’un côté et à la saison cyclonique de l’autre. Une fuite qui n’a peut-être pas laissé de survivant. Quoi qu’il en soit, les soirs d’été vous pourrez assister à une reconstruction de cet épisode historique lors d’un spectacle en costumes qui prend dans un théâtre en plein air au bord de mer.
Non loin, un monument célèbre la colonie d’hommes libres de Freedmen ainsi que la naissance de l’Underground Railroad, un système d’évasion des esclaves lors de la guerre civile qui, par l’intermédiaire de cachettes, les amenaient jusque dans le nord du pays jusqu’à Boston et même au-delà.
Inutile de passer beaucoup de temps sur Roanoke Island pour comprendre qu’il s’agit d’une destination particulièrement chic. Les grandes villas noyées dans les pins y sont en surnombre et chacun se doit d’y posséder son propre bateau. Le principal village de l’île, Manteo est donc une destination huppée. Son petit centre, très charmant, se compose de vieilles demeures, souvent transformées en b&b haut de gamme, en boutiques de style ou en restaurants gastronomiques (on y trouve les meilleures adresses des Outer Banks). Manteo s’étire sur toute la partie nord de l’île, mais son cœur est tout petit et il ne faut pas plus de 30 minutes pour en faire le tour. Le long du front de mer, le Roanoke Island Festival Park contient quelques attractions historiques, dont le site de la première colonie, un musée sur l’histoire des Outer Banks et le bateau Elizabeth II, une reconstruction d’un navire anglais du 16e siècle. À noter que le lieu est animé par des acteurs en costumes qui n’hésitent pas à interpeller les visiteurs en vieil anglais.
Cape Hatteras National Seashore
L’espace naturel du Cape Hatteras National Seashore s’étend au sud de Nags Head sur l’île de Bodie puis sur l’île de Hatteras et enfin sur l’île d’Ocracoke. Ce site superbe ne compte pas moins de 60 kilomètres de plages totalement vierges. Même en plein cœur de la haute saison touristique (en juillet et août), il est possible de s’arrêter un peu au hasard le long de la route, de traverser les dunes et de se retrouver sur une portion de plage déserte. Côté lagon, les marais salants forment également de magnifiques paysages. Amateurs de nature océane, vous voici en terre promise ! Le nord de l’île d’Hatteras Island, entièrement sauvage, abrite le Pea Island National Wildlife Refuge. Il offre la possibilité de faire des petites randonnées ou du canoé, à la rencontre de cette nature et des nombreux oiseaux qui peuplent la région.
Au sud de l’île d’Hatteras, passé la petite station balnéaire tranquille d’Avon, le phare de Cape Hatteras, déplacé de sa position originelle pour éviter qu’il ne soit englouti par l’océan, offre de belles vues sur la région depuis son sommet.
Passé le phare, l’île se termine par les villages de Frisco et d’Hatteras, deux déclinaisons sur le thème de l’océan, des dunes et des maisons en bois sur pilotis, dont certaines ont des architectures très photogéniques. On se verrait bien y passer quelque temps de farniente ! Cela dit, les pilotis sont là pour nous rappeler que les ouragans n’épargnent pas cette région pourtant très au nord et que les inondations sont fréquentes.
Plusieurs campings, motels et b&b, en plus des innombrables locations de vacances, permettent de passer quelques nuits dans les villages qui jalonnent l’île d’Hatteras.
Au sud, l’île d’Ocracoke, accessible gratuitement par ferry depuis Hatteras, est un petit paradis préservé. Pour cause, l’île n’est pas reliée par la route, ni à une autre île ni au continent. C’est un peu l’apothéose des Outer Banks, un coin calme et nature où l’on traine sa nonchalance estivale dans un décor océanique. Le long de l’unique route, la Highway 12, qui ne va nulle part, il est possible de s’arrêter n’importe où et d’avoir la plage pour soi. Le seul village de l’île, Ocracoke, construit du côté lagon, est assez fréquenté en saison, mais cela n’enlève rien à sa décontraction. On s’y balade en vélo et on s’y arrête pour laisser traverser les canards qui résident dans les marais voisins.
Évidemment, face au charme et à l’isolement de l’île, l’hébergement sur Ocracoke n’est pas bon marché et les restaurants non plus, mais bien souvent les prestations sont de qualités. Il est impératif de réserver pour l’été. Dès le mois de septembre, les prix s’effondrent.
Cape Lookout National Seashore
Après Ocracoke Island, les Outer Banks se terminent par une poignée d’îles complètement désertes ou presque. Pour y accéder, il faut passer par le continent. Ici, c’est l’Amérique profonde dans toute sa splendeur avec de petits villages sans véritables centres, quelques églises en tous genres et des general store qui font souvent office de poste, de mairie, d’épicerie, de station-service et tout le reste. L’endroit n’est pas touristique du tout, même avec la proximité des Outer Banks. On y vient uniquement pour se rendre dans le Cape Lookout National Seashore, qui désigne les îles désertes du sud des Outer Banks, entre Ocracoke et la ville de Beaufort. Uniquement accessible par bateau, le site, magnifique et sauvage, est un très long banc de sable planté de quelques arbres. On n’y trouve ni habitations ni routes. Au nord de l’île de North Core Banks, on peut voir les ruines du village de Portsmouth, définitivement abandonné en 1971. À noter que Portsmouth est directement accessible en ferry depuis Ocracoke (voir ci-dessus).
L’île la plus isolée du Cape Lookout National Seashore est sans conteste Shackleford Banks. C’est là aussi un grand banc de sable, totalement désert et livré aux caprices de la nature. Ce paysage magnifique et préservé est habité par des poneys sauvages et par une population de chevaux mustang. On estime qu’ils sont les descendants de chevaux transportés par des navires échoués au 16e siècle et qui auraient nagé jusqu’à cette île. Il est possible de se rendre sur Shackleford Banks depuis la ville de Beaufort. La traversée coûte environ 15$ (aller-retour).
On peut se loger sur les îles dans des chalets assez sommaires ou bien faire du camping, non aménagé. Se renseigner auprès des compagnies de ferries qui, bien souvent, gèrent également les hébergements, ou bien au visitor center (office du tourisme) situé à Harker’s Island (ou sur internet www.nps.gov/calo).