Cambridge, Massachusetts

Cambridge Massachusetts

Situer ce lieu sur une carte

Au moins aussi célèbre que Boston, la ville universitaire voisine de Cambridge est l’un de ces lieux qui vous font croire dans l’idée du rêve américain (au moins en tant que simple visiteur). La visite de Cambridge est un incontournable, facilement accessible en métro par la station Harvard Square. Le « square » en question est en réalité une intersection de rues et constitue l’un des endroits les plus animés de la métropole. Tout ceci est lié à la présence de deux des plus grandes institutions universitaires du monde, le MIT (Massachusetts Institute of Technology) et la faculté majeure de l’Ivy League, Harvard. Les étudiants qui gravitent ici, futurs dirigeants ou prix Nobels, ont entrainé la création d’un quartier riche en librairies et en cafés bohèmes.

Comme c’est le cas pour toutes les grandes universités du pays, la visite du campus de Harvard est une expérience enrichissante, totalement gratuite et ouverte à tout le monde. Fondée en 1636, Harvard est probablement la plus réputée des universités d’élite des USA (la fameuse Ivy League), en plus d’être la plus historique. Sa bibliothèque principale, la Widener Library, contient par exemple l’une des bibles originales imprimées par Gutenberg. Le campus abrite également plusieurs musées de grande renommée. Le Harvard Art Museum, récemment rénové, expose plus de 150.000 œuvres d’art. Non loin le Harvard Museum of Natural History (Oxford Street) est un classique du genre avec d’immenses squelettes de dinosaures.

À quelques kilomètres du campus d’Harvard, le MIT abrite pour sa part le MIT Museum (entrée payante, ouvert tous les jours) qui se concentre évidemment sur les technologies en tous genres et particulièrement la robotique.

La vieille ville de Cambridge, bien conservée, mérite également une visite, particulièrement pour ses grandes demeures historiques. La plus remarquable est la Longfellow House sur Brattle Street (entrée payante). Résidence du poète Henry Longfellow, ce grand manoir à l’architecture typiquement américaine fut également pendant un temps le quartier général de George Washington avant qu’il ne devienne le premier président du pays.

Back Bay, Boston, Massachusetts

Back Bay Boston Massachusetts

Le « nouveau » quartier de Back Bay prend place au sud des jardins de Boston Commons. Jusqu’en 1857, il s’agissait ici d’une zone marécageuse de la rivière Charles. Les vastes boulevards et les élégantes demeures de Back Bay ont été construits au fur et à mesure du comblement des marécages. Parcourir le quartier d’est en ouest permet d’avoir un exposé visuel sur l’évolution de l’architecture victorienne aux USA. La construction la plus marquante et emblématique est incontestablement l’église de Trinity Church, située sur Clarendon Street (entrée payante). À mon humble avis l’une des plus belles églises du pays (en tout cas l’une des plus stupéfiantes), Trinity Church est également une merveille de décoration intérieure, conçu littéralement pour donner l’impression d’une peinture grandeur nature.

Le contraste architectural est on ne peut plus important entre Trinity Church et l’immense building qui la surplombe, la John Hancock Tower (du nom du signataire de la déclaration d’indépendance, et non du héros joué par Will Smith). Cet immense gratte-ciel (le plus haut de la ville), facilement reconnaissable dans la skyline de Boston, car il semble fendu en deux, est l’œuvre du célèbre architecte I.M Pei (Pyramide du Louvre…). Pour l’anecdote, qui ravira les geeks en tous genres, il faut savoir que Sony s’est inspiré du design de la tour pour sa console PlayStation 4. La conception du building est impressionnante, mais n’était pas particulièrement au point tant et si bien que durant les premières années les panneaux en verre qui le recouvrent devaient être changés en permanence et que les prix des assurances immobilières dans le quartier ont explosé. Le building contient un mall plutôt haut de gamme.

À une rue parallèle de Trinity Church et de la John Hancock Tower, Newbury Street est une destination incontournable pour les amateurs de shopping. Avenue chic de Boston, penchant de la 5e Avenue, Newbury est l’une des rues commerçantes les plus charmantes et agréables du pays. Les boutiques, cafés et galeries d’art y occupent de petites maisons victoriennes.

Le Christian Science Center, au croisement des avenues Huntington et Massachusetts, est un monument très impressionnant, particulièrement réputé pour son Mapparium (entrée payante, fermé le lundi). Le Mapparium est une « œuvre » assez curieuse. C’est un immense globe terrestre à travers lequel on passe via une passerelle. Ne vous étonnez pas de trouver les frontières un peu étranges, le Mapparium fut construit en 1932 et force est de constater que depuis les pays du monde ont beaucoup changé. À noter qu’en dehors du Mapparium, qui est l’attrait principal pour le visiteur lambda, le Centre est également le cœur d’un mouvement théologique important appelé la Science Chrétienne. Considéré comme une association culturelle aux USA, mais à moitié comme une secte dans d’autres pays, la First Church of Christ, Scientist, fut créée à Boston et repose une forme de médecine inspirée par les enseignements de Jésus.

Au sud de Back Bay, et en dehors des limites officielles du quartier, sur Huntington Avenue, le Museum of Fine Arts (Musée des Beaux-Arts) est une institution de renommée internationale dont la visite peut largement combler toute une journée. Le musée, récemment entièrement rénové et agrandi, est immense et les expositions sont diverses et couvrent plusieurs continents et de nombreuses périodes. Parmi les chefs d’œuvres on trouve des œuvres de Van Gogh, Renoir, Cézanne, Monet, Matisse, Manet, Gauguin, Homer, Turner, Degas de très vieilles pièces égyptiennes ou chinoises, et un fantastique tableau de Frederic Church intitulé Rainy Season in the Tropics. En bref, 450.000 œuvres qui en font l’une des collections majeures des USA et du monde. À noter que le musée est assez loin, mais qu’il est facilement accessible via le métro, particulièrement la station Museum sur la ligne verte (train E). L’entrée est payante, mais sur donation le mercredi après-midi. Le billet d’entrée est valable pour deux visites.

Tout proche du MFA, le Musée Isabella Stewart Gardner est moins impressionnant à tous niveaux, mais il ne fait pas pâle figure. Le musée offre l’entrée à toutes les personnes appelées Isabella, entrée payante pour les autres. D’un point de vue architectural le musée est magnifique et mérite un large détour. C’est une imitation d’un palais vénitien du 15e siècle du plus bel effet. La cour centrale avec son jardin est superbe. Profitant de son cadre unique, le musée accueille d’ailleurs parfois des concerts. Indubitablement écrasé par les collections de son immense voisin, le musée comporte tout de même quelques très belles œuvres d’art américain et européen, dont les tableaux énigmatiques aux lumières fantastiques de John Singer Sargent.

Plus loin sur la ligne verte du métro (station Kenmore) se trouve l’immense et mythique stade de Fenway Park qui accueille les matches de l’équipe locale de baseball, les Red Sox. Ce stade gigantesque semble construit pour intimider les adversaires (et particulièrement les ennemis jurés de New York, l’équipe des Yankees). L’un des virages du stade est d’ailleurs surnommé le Green Monster, car il ressemble à une véritable vague qui semble déferler sur le terrain. Un match au Fenway est toujours une expérience incroyable. Il est également possible de visiter le stade avec un guide, mais c’est certainement moins intéressant que d’être plongé dans l’ambiance.

Boston Waterfront, Massachusetts

Waterfront Boston Massachusetts

Le waterfront correspond à l’ensemble des quartiers qui bordent le Boston Harbor, le port de Boston. Autrefois un site peu avenant et uniquement industriel, où il n’était pas vraiment possible de se promener, le waterfront a subi ces dernières années toute une série de transformations. Des espaces verts, des fontaines et surtout une longue promenade piétonne, le Harborwalk, ont permis à Boston de redécouvrir son visage littoral. Le harborwalk permet de rejoindre presque tous les sites d’intérêts au cours d’une sympathique balade au bord de l’eau. Évidemment le waterfront et le harborwalk sont d’autant plus agréables aux beaux jours.

Dans le quartier de North End, à côté du grand hôtel Marriott Long Wharf, le parc de Columbus est un bel endroit pour laisser filer le temps à l’ombre des glycines ou faire une pause picnic au bord de l’eau. C’est un parc très fréquenté en été. Il tient bien entendu son nom de Christophe Colomb qui est représenté en statue dans le parc.

Non loin de Columbus, le quai de Long Wharf est une autre balade agréable. Il faut savoir que Faneuil Hall se trouvait à l’origine au bout de ce quai. Cela permet de se rendre compte de la façon spectaculaire dont Boston s’est agrandie sur la mer, car Faneuil Hall est désormais au beau milieu de la ville. Historiquement, c’est depuis Long Wharf que les derniers anglais ont quitté Boston avant l’indépendance du pays, le 17 mars 1776. Plus tard on construisit la Custom House Tower au bout de Long Wharf, mais à l’image du Faneuil Hall, ce bâtiment se trouve lui aussi désormais dans l’intérieur, car le quai fut de nouveau largement prolongé. L’ancienne tour des douanes du port de Boston est aujourd’hui un hôtel (encore un Marriott !), mais il est possible de monter au point d’observation qui offre de belles vues sur la baie. Au moment de sa construction, il s’agissait du plus haut building de Nouvelle-Angleterre. C’est désormais le 17e plus haut immeuble de Boston. Les temps changent…

Long Wharf est également le quai de départ des croisières dans le port de Boston. À noter que ce n’est pas forcément passionnant, car les croisières passent entre les quais du port de commerce où s’alignent les marchandises et les pistes de l’aéroport Logan. En revanche, il est possible de prendre des ferries vers le Cape Cod ou encore les îles de Spectacle et de George Island (appelées les Harbor Islands), ce qui pour le coup est beaucoup plus agréable comme visite. La compagnie Boston Harbor Cruise propose également une croisière un peu spéciale appelée Codzilla (éternel jeu de mots à Boston entre Cod (qui signifie morue) et Godzilla). En réalité, c’est juste une croisière dans le port sur un bateau puissant et en musique. Drôle de concept qui se rapproche plus de la fête foraine que de la véritable croisière.

Sur le quai voisin de Central Wharf (le waterfront est une succession de quais) se trouve le New England Aquarium (entrée payante, assez chère, réduction pour les enfants). L’aquarium régional possède une piscine extérieure où vivent des loutres de mer. À l’intérieur, la pièce maitresse est un gigantesque aquarium cylindrique (le Giant Ocean Tank d’une capacité de 760.000 litres tout de même). Il simule un récif corallien et contient tout un écosystème avec notamment des grandes tortues de mer, des raies, des barracudas ou encore des requins, ainsi bien sûr que d’innombrables petites espèces (dont de splendides poissons-lions de Californie). De façon assez étonnante, on sent parfois dans les descriptions de poissons que les auteurs sont assez intéressés par les qualités gustatives de certains poissons (sic !). Des plongeurs en bouteilles nourrissent les espèces jusqu’à cinq fois par jour.

L’aquarium propose également des sorties pour partir observer les baleines en mer lorsqu’elles sont de passage vers Boston, soit entre avril et octobre. Les croisières d’observation durent environ 4h et coûtent dans les 40$.

Sur l’autre rive, dans le quartier de South Boston, difficile de manquer le Children’s Museum (300 Congress Street, ouvert tous les jours, entrée payante, réduction pour les enfants, entrée à 1$ le vendredi entre 17h et 21h). En effet, il se repère de loin grâce à son immense reproduction d’une bouteille de lait, la Hood Milk Bottle. La bouteille géante contient un marchand de glace et un snack (mais pas de lait). Le musée s’étend sur trois étages et propose des expositions variées et plus ou moins éducatives.

Dans un registre radicalement différent, il est également difficile de ne pas remarquer la superbe architecture de l’Institute of Contemporary Art (institut d’art contemporain) (100 Northern Avenue, entrée payante, gratuit pour les moins de 17 ans et pour les familles chaque dernier dimanche du mois, fermé le lundi, station de métro Courthouse). C’est un grand rectangle de verre qui surplombe les eaux du Boston Harbor créant une scène très photogénique. L’immeuble en lui-même est d’ailleurs l’élément le plus intéressant du musée. La partie au-dessus de l’eau possède un sol entièrement vitré qui permet d’apprécier notamment le nombre de méduses qui se baladent dans les eaux du port. Le musée expose des œuvres d’art contemporain, comme son nom l’indique plutôt pas mal.

Isolé dans son coin sur la Charles River, le Museum of Science de Boston est l’une des plus grandes attractions de la ville, en dehors des sites historiques. Ce vaste musée, sorte de Cité des Sciences, s’intéresse particulièrement aux sciences naturelles et à la physique à travers de nombreuses expositions. Il comporte également un cinéma IMAX et un excellent planétarium. Un musée très bien fait. (Ouvert tous les jours, entrée payante, station de métro Science Park).

Beacon Hill, Boston, Massachusetts

Beacon Hill Boston Massachusetts

Bien moins connu que le Freedom Trail, le Black Heritage Trail est un autre chemin qui permet de découvrir un pan de l’histoire de Boston. Il sillonne le superbe quartier historique de Beacon Hill sur les traces historiques de la communauté afro-américaine de la ville.

Le Massachusetts fut le premier état américain à déclarer l’esclavage illégal, en 1783. C’était en partie dû à la participation active de la population noire dans la révolution. Aussi la communauté noire de Boston, composée d’hommes libres et d’esclaves échappés du sud, a rapidement grandi, principalement dans les quartiers du North End et de Beacon Hill. Le Black Heritage Trail se concentre sur ce dernier secteur et met en avant les différents lieux importants dans l’histoire noire locale.

Assez paradoxalement, il faut savoir que le quartier de Beacon Hill s’est développé dans le temps pour devenir un quartier très majoritairement blanc et très peu de noirs y résident désormais. Une preuve des inégalités qui caractérisent toujours la société américaine, car Beacon Hill est l’un des quartiers les plus riches de Boston.

Pour suivre intégralement le Black Heritage Trail, le mieux est de se rendre à l’office du tourisme (près des jardins de Boston Common) pour se procurer un plan.

À l’image du Freedom Trail, il est tout à fait possible de commencer le Black Heritage Trail à n’importe quel site, toutefois il débute officiellement à l’Abiel Smith School au 46, Joy Street. Ce modeste édifice en briques rouges, datant de 1835, fut la première école publique de la ville destinée aux noirs libres. L’école en elle-même existait depuis 1798, mais ne disposait pas de bâtiment propre, ce qui fut chose faite ici. L’Abiel Smith School contient aujourd’hui le Museum of African American History qui illustre le mouvement national pour les droits civils ainsi que l’histoire locale de la communauté afro-américaine.

Quelques mètres plus loin l’African Meeting House, au 8 Smith Street, construite en 1806, fut la première église afro-américaine des USA. Un site historique qui a pris le surnom de Black Faneuil Hall (le Faneuil Hall Noir) durant le mouvement pour l’abolition de l’esclavage dans le pays. Un surnom qui vient du Faneuil Hall, autre site historique de Boston (situé sur le Freedom Trail) où les révolutionnaires se rencontraient. C’est également ici que Frederick Douglass, ancien esclave et homme d’État, fit un discours historique pour encourager les noirs à prendre les armes lors de la Guerre civile américaine, opposant les états esclavagistes du Sud (les Confédérés) aux états du Nord (les États-Unis), signant probablement un tournant dans l’issue du conflit et dans l’histoire des Afro-Américains aux USA.

Parmi les populations noires qui s’engagèrent dans la guerre, les volontaires du 54e régiment du Massachusetts sont commémorés par un monument érigé aux abords des jardins de Boston Common (face à l’assemblée de l’état) et qui marque la fin du Black Heritage Trail. Le mémorial décrit le départ du régiment le long de Beacon Street. Cette unité militaire sera décimée lors de la bataille de Fort Wagner (Caroline du Sud) en 1863 ou elle gagnera paradoxalement sa reconnaissance historique. Un événement relaté par le film Glory, avec notamment Denzel Washington et Morgan Freeman.

Entre l’African Meeting House et le Monument du 54e Régiment, le Black Heritage Trail parcourt les rues de Beacon Hill, l’un des secteurs les plus pittoresques de la ville, permettant de découvrir plusieurs autres monuments historiques. Parmi ceux-ci se trouve la Lewis & Harriet Hayden House, au 66 Phillips Street. Les Hayden formaient un couple d’esclaves échappés du Kentucky et qui avaient fait leurs vies à Boston. Avant l’abolition de l’esclavage, leur maison de Boston était devenue l’une des étapes majeures de l’Underground Railroad. La « voie ferrée souterraine » était le nom donné à un réseau de cachettes et de relais permettant aux esclaves de s’enfuir vers les états dit « libres » ou vers le Canada au nord. La maison des Haydens servait donc de refuge aux esclaves en fuite afin qu’ils ne soient pas arrêtés par les chasseurs lancés à leurs poursuites.

Enfin il ne faut pas hésiter à s’écarter du Black Heritage Trail pour se perdre dans les ruelles pavées de Beacon Hill. L’une des rues les plus photogéniques est Acorn Street, qui a des faux airs de Montmartre. Vous êtes à peu près sûr d’y voir un couple de jeunes mariés en train d’y être photographié devant l’emblématique drapeau américain.

Freedom Trail, Boston, Massachusetts

Freedom Trail Boston Massachusetts

Ceux qui vont lire cet article en entier pourront se considérer comme de vrais patriotes !

La meilleure façon de découvrir Boston, de s’y orienter et d’en parcourir l’histoire est d’arpenter le Freedom Trail. Signifiant le « sentier de la liberté », le Freedom Trail est l’attraction numéro un de Boston. Il peut être parcouru en intégralité ou en partie, en suivant la ligne de briques rouges incrustée dans les trottoirs de la cité. Il est possible de prendre le Freedom Trail depuis n’importe quel lieu, mais techniquement la visite complète, détaillée par l’office du tourisme, débute au niveau des jardins de Boston Common, à l’office du tourisme justement.

La première étape du chemin est le Massachusetts State House. Facilement reconnaissable avec son dôme doré et ses briques rouges, l’assemblée de l’état fut construite en 1798 par l’architecte Charles Bulfinch. Mr Bulfinch est aussi à l’origine du Capitole de Washington DC (petite anecdote pour briller en société). En lui-même, le bâtiment n’a rien de particulier, mais on peut tout de même noter qu’il abrite la Morue Sacrée du Massachusetts, et ça, ce n’est pas rien. Cette grande morue en bois fut donnée par un pêcheur afin de symboliser l’importance de l’industrie de la pêche pour la ville. La fameuse morue est pendue dans l’assemblée face au pupitre et on lui donne une direction différente selon le parti qui est au pouvoir (véridique). Pour faire dans la surenchère, les sénateurs ont décidé eux aussi d’avoir leur petite mascotte de poisson en bois et l’on trouve donc pendu au-dessus d’un chandelier dans la Massachusetts Senate Chamber (chambre du Sénat du Massachusetts) un maquereau sculpté surnommé le Saint Maquereau. L’histoire de la morue sacrée du Massachusetts est évidemment émaillée de multiples cocasseries dont la principale est sans doute son vol en 1933 par les journalistes du Harvard Lampoon (une revue humoristique publiée par l’université d’Harvard). Ils avaient donc décidé de chaparder la Morue. Tout ceci a fait un scandale incroyable et les députés avaient jugé qu’il était parfaitement impensable de conduire les affaires de l’État sans le regard bienveillant de leur morue sacrée. La police a été mise sur l’affaire et a même été jusqu’à chercher les fonds de la rivière Charles. La morue fut finalement rendue lors d’une remise d’otage digne d’un film d’espionnage. Cette affaire, on ne peut plus fantasque, est officiellement appelée l’affaire du Cod-napping, un jeu de mots entre kidnapping et cod (morue en anglais). Je préfère préciser que ce n’est pas de la science-fiction et que tout ceci est vrai.

En continuant le Freedom Trail, on arrive à Park Street Church. À noter la particularité de cette église que l’on ne peut visiter qu’en juillet et en août, sinon c’est sur rendez-vous uniquement. Selon Henry James, l’église de Park Street était « l’amas de briques et de mortier de toute l’Amérique ». C’est un peu excessif, mais son clocher est tout de même remarquable. D’un point de vue historique, c’est dans cette église que William Lloyd Garrison prononça l’un des premiers discours publics abolitionnistes, le 4 juillet 1829, déclenchant une série d’évènements (dont une grande guerre) qui aboutiront finalement à la fin de l’esclavage aux USA. Garrison était un grand homme qui aura lutté toute sa vie pour les droits des autres (contre l’esclavage puis pour le vote des femmes). Dans un autre registre, c’est également de l’église de Park Street qu’est partie la congrégation qui établira la toute première mission américaine sur les îles Sandwich, plus connues aujourd’hui en tant que 50e état du pays, Hawaii.

Juste à côté de l’église, l’ancien cimetière de Old Granary compte parmi ses quelque 5000 résidents permanents (et pour cause…) de nombreux grands noms de l’histoire américaine. Paul Revere, grand révolutionnaire que nous reverrons un peu plus loin, Adams, Hancock et Plaine, trois des signataires de la déclaration d’indépendance, ou encore Mother Goose. Connue en France sous le nom de Mère l’Oie (ou Mère l’Oye), Mother Goose est un personnage entre fable et réalité. Elle aurait été une grand-mère qui collectait des contes de fées et les chantait pour ses petits-enfants. Parmi ceux-ci la Belle au Bois Dormant ou Cendrillon. Évidemment ces contes sont attribués à Charles Perrault, mais publiés dans un livre intitulé Contes de ma mère l’Oye. Toute cette histoire étant pour le moins floue, elle n’a retenu (à Boston du moins) que cette tombe, où reposerait donc la véritable Mother Goose. Cette « vraie » personne était Elizabeth Vergoose, qui vivait à Boston à la fin du 17e siècle. L’une de ses filles devenue adulte se serait mariée à un éditeur qui aurait fini par publier un recueil des contes de sa belle-mère. Tout ceci est à prendre évidemment avec des pincettes…

Le King’s Chapel Burying Ground est un autre cimetière (oui, c’est la partie un peu glauque du Freedom Trail…). Celui-ci accueille le repos des premiers colons de l’Amérique dont nombre d’entre eux avaient fait le voyage depuis l’Europe sur le bateau Mayflower. Ils sont tous inconnus, mais autant dire que ce n’est pas rien. On y trouve également la tombe de John Winthrop, le premier gouverneur de la première colonie américaine (débarqué quelque temps après les colons du Mayflower et leader des puritains qui souhaitaient établir une utopie en Amérique). Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article d’introduction sur l’état du Massachusetts.

Un peu plus loin, une statue de Benjamin Franklin (qui est au moins aussi omniprésent à Boston qu’il ne l’est à Philadelphie et ce n’est pas peu dire) marque l’emplacement de la première Boston Latin School, sur la bien nommée School Street. Cette école publique fut la première du pays et c’est toujours la plus ancienne des USA, car elle existe toujours même si elle n’est plus au même endroit après avoir déménagé plusieurs fois pour s’agrandir. Il faut dire que la première Boston Latin School ne comptait qu’une classe de moins de 10 élèves et qu’elle en compte aujourd’hui près de 2500. Parmi ces élèves devenus célèbre on ne compte pas moins de 4 gouverneurs de l’état, 4 présidents de l’université d’Harvard et Benjamin Franklin, of course. L’actuelle Boston Latin School se trouve sur l’Avenue Louis Pasteur.

Près de la statue de Franklin (et en face du cimetière de King’s Chapel), mais pas officiellement sur le parcours du Freedom Trail, l’hôtel Parker House (aujourd’hui propriété de la chaîne Omni) est l’un des grands établissements de la ville et a accueilli un grand nombre de personnalités historiques (JFK, Dickens, Malcom X…). N’hésitez pas à jeter un coup d’œil au lobby, ça vaut le coup.

En continuant sur Washington Street, au cœur de Downtown, on trouve ce qui peut être considéré comme la partie centrale du Freedom Trail. On y découvre les deux bâtiments les plus importants de Boston d’un point de vue historique. L’Old South Meeting House, tout d’abord, était le plus grand bâtiment de la ville anglaise (préindépendance). Si c’est aujourd’hui un musée et un site majeur dans l’histoire de la révolution américaine, c’était à l’origine une église pour les puritains. C’est par la suite devenu un lieu de rassemblement naturel pour la population locale. C’est ici que Samuel Adams s’est adressé à près de 5000 personnes le 16 décembre 1773 déclenchant ainsi l’évènement connu sous le nom de Boston Tea Party où la foule s’est emparée des cargaisons de thé des navires de l’East India Company pour les déverser dans le port de Boston. Les tensions entre l’Angleterre et les colonies ont explosé à cette occasion. Nous connaissons tous cet évènement qui est étudié à l’école dans les manuels d’histoire, car il est le premier pas majeur vers la révolution américaine.

Toujours sur Washington Street, l’Old State House, est l’autre grand bâtiment historique du Freedom Trail. Construit en 1712 il s’agissait du siège du gouvernement colonial. C’est l’un des plus beaux monuments historiques (à mon sens) de Boston et il se tient toujours fièrement au cœur de la ville, quoiqu’il soit aujourd’hui regardé de haut par les gratte-ciels modernes qui l’entoure. C’est depuis le balcon que l’on voit en façade du bâtiment que la déclaration d’indépendance a été lue à Boston pour la première fois le 18 juillet 1776 (après qu’elle fut rédigée puis proclamée à Philadelphie le 4 juillet de la même année). Ironie de l’histoire (qui n’en est pas avare), deux siècles plus tard presque jour pour jour (en réalité le 11 juillet 1976) la reine d’Angleterre Élisabeth II se rendit à Boston pour commémorer le bicentenaire des USA et fit un discours depuis ce même balcon. Nul doute que s’ils avaient pu lire l’avenir, les révolutionnaires américains n’y auraient pas cru ! À l’intérieur du bâtiment se trouve désormais un musée consacré à l’histoire de Boston (entrée payante, ouvert tous les jours). Au sommet du bâtiment, vous remarquerez les statues du lion et la licorne qui sont les symboles de la monarchie britannique (le lion pour l’Angleterre, la licorne pour l’Ecosse), car il ne faut pas oublier que Boston était à l’origine une ville anglaise d’Amérique et que les habitants y étaient anglais.

Quasiment sous le balcon orné de l’Old State House, beaucoup de visiteurs (en fait personne) ne remarquent pas le rond de pierres pavées qui marque l’emplacement du site du Boston Massacre. Le 5 mars 1770, les soldats britanniques ont tiré sur une foule qui leur jetait des boules de neige remplies de pierres (d’où le symbole des pavés), l’un des premiers actes de rébellion des futurs américains.

La partie du Freedom Trail qui intéresse le plus les visiteurs amateurs de shopping se concentre autour du Quincy Market et du Faneuil Hall (dont le nom se prononce plus comme « faniel »). Le Faneuil Hall, qui ressemble à s’y méprendre à l’église de Park Street, était un ancien marché financé par un marchand local du nom de Peter Faneuil (quelle coïncidence !). C’était également un lieu de rassemblement pour les révolutionnaires. On peut notamment y voir juste devant la statue de Samuel Adams, l’un des grands bâtisseurs de la révolution. Vous pourrez remarquer sur le toit du bâtiment une girouette représentant une grande sauterelle. Il existe une anecdote intéressante liée à cette girouette puisqu’elle servait à l’époque de la révolution américaine à démasquer les espions anglais des vrais patriotes. Ces derniers devaient savoir ce que représentait la girouette. Dans le cas contraire, ils étaient considérés comme des espions. Ce n’était certainement pas infaillible. Bon en réalité aujourd’hui le Faneuil est surtout un bâtiment historique et il n’y a pas grand-chose à l’intérieur et pas vraiment de vraies boutiques. Pas d’inquiétude, il suffit de traverser le Faneuil Hall (admirez quand même l’intérieur) pour déboucher devant le Quincy Market. L’intérieur de ce beau bâtiment, qui a toujours abrité un marché, rassemble de nombreux stands de restaurations, dans la veine du Chelsea Market de NYC. En réalité, c’est d’ailleurs le Chelsea Market qui est dans la veine du Quincy Market de Boston, car ce dernier fut le premier du genre aux USA, marquant ainsi une grande tendance dans la rénovation urbaine du pays. À noter que l’ensemble de la rénovation a été supervisé par la même équipe que le célèbre Covent Garden de Londres. Ici, c’est donc le même modèle, restaurants, stands, et de nombreuses boutiques réparties dans des galeries marchandes, le tout dans un espace entièrement piéton. C’est sympathique et bien sûr très touristique. À noter que vous pourrez y manger pour pas très cher et le choix est varié.

À côté des marchés, sur Union Street, vous pourrez faire un petit détour hors du Freedom Trail pour visiter le New England Holocaust Memorial. Ce mémorial se distingue des autres par son attention toute particulière aux victimes non-juives. Il s’agit de six grands piliers en verre creux ressemblant à des cheminées d’usines et gravé d’informations sur l’holocauste.

De retour sur le Freedom Trail nous arrivons dans le quartier aux influences italiennes du North End. Généralement, les visiteurs s’arrêtent au Quincy Market avant de repartir vers Downtown et le North End est donc beaucoup moins visité. La raison est assez simple, le North End est séparé du centre-ville par l’autoroute I-93. C’est ici que les bienfaits du Big Dig, l’immense projet urbain qui a permis d’enterrer l’autoroute dans le centre-ville, sont les plus visibles. Auparavant il fallait passer sous l’autoroute, dans un cadre pas forcément génial. Maintenant, toute l’autoroute passe dans un tunnel et le North End s’est trouvé désenclavé. Comme je l’ai dit, cela n’empêche pas la plupart des visiteurs de s’arrêter avant.

Le premier site du Freedom Trail dans le North End est la Paul Revere House, la maison de Paul Revere qui en plus d’avoir été habité par l’un des plus grands révolutionnaires américains possède également la distinction d’être la seule demeure du 16e siècle encore debout à Boston. La maison en bois se visite tous les jours en haute saison (fermée le lundi en basse saison), l’entrée est payante. Elle fut construite après le grand incendie qui ravagea Boston en 1676, ce qui explique qu’elle soit encore là. Paul Revere y a habité pendant environ 30 ans à la fin du 18e siècle. Revere est particulièrement connu pour avoir été décisif en informant l’armée des colonies américaines de l’arrivée des troupes britanniques avant les batailles de Lexington et Concord, alors qu’ils ne s’y attendaient pas. Il existe aux USA un poème bien célèbre, Paul Revere’s Ride (la course de Paul Revere), qui commémore l’acte patriotique de Paul Revere. Toutefois, il est de notoriété publique qu’il n’est pas franchement très fidèle à la réalité historique. Peu importe, aux États-Unis l’histoire est souvent retranscrite sous sa forme héroïque et sensationnelle, quitte à omettre voire à modifier quelques détails ou lieux.

Tandis que Revere était parti prévenir de l’attaque imminente des Anglais à Lexington, le 18 avril 1775, deux lanternes avaient été accrochées au beffroi de la Old North Church, visible sur Salem Street. Ceci était destiné à prévenir Charlestown (l’ancien nom du quartier du North End, qui désigne aujourd’hui le quartier sur l’autre rive de la rivière Charles) de l’attaque si jamais Revere se faisait prendre. La consigne était la suivante « one if by land, two if by sea » (un si par la terre, deux si par la mer), un mot d’ordre assez flou pour ne pas être compris par les espions anglais. Il s’agissait donc des lanternes accrochées au beffroi de cette église et qui ont prévenu le quartier que les Anglais allaient attaquer par la mer.

Théoriquement le Freedom Trail continu avec un dernier site de l’autre côté de la rivière Charles, à Charlestown. Cependant, il faut être motivé pour traverser la rivière, car cela fait une assez longue marche. À noter qu’il existe un service de ferries entre le North End et Charlestown. Si vous aimez marcher ou si vous prenez le bateau vous pourrez donc voir le navire USS Constitution. C’est le plus ancien bateau militaire toujours à flot des USA et même du monde, car construit en 1797. Ce bateau historique se découvre lors de visites menées par des guides en costumes d’époques (et c’est gratuit). À noter que chaque année, pour le 4 juillet (indépendance du pays), le bateau navigue quelque temps dans la baie puis retourne à son ancrage, mais dans le sens opposé. Cela permet d’harmoniser les effets de l’érosion sur le bateau, car le côté qui fait face à l’eau s’abime plus rapidement. Je tiens à préciser que je sais pertinemment que tout le monde s’en fout ! Si vous êtes arrivés jusqu’ici félicitations, vous êtes l’un des rares Européens à avoir complété le Freedom Trail.

Guide pratique, Boston, Massachusetts

Guide pratique boston Massachusetts

Un homme intéressant, Oliver Wendell Holmes, ancien juge de la Cour suprême et grand défenseur du lavage de main (ce qui a permis de réduire considérablement le taux de mortalité dans le pays), considérait sa ville natale comme le noyau de l’univers. C’était sommes toute un peu exagéré. Cela dit, Boston est le cœur de la Nouvelle-Angleterre (qui est un univers en soi) et c’est de loin son nœud de communication le plus important. Les vols directs en provenance d’Europe sont assez nombreux (surtout si l’on considère que l’aéroport de Boston Logan est loin d’être l’un des plus grands du pays), tandis que le réseau régional de train et de bus en a fait une destination incontournable sur l’axe New York – Montréal et pour desservir n’importe quel autre lieu de la Nouvelle-Angleterre.

Les avions se posent et décollent de l’aéroport de Boston Logan, à quelques minutes à peine du centre-ville sur une péninsule artificielle dans le port de Boston. Pour se rendre depuis ou vers l’aéroport le mieux est de prendre le métro (ligne bleue) qui met à peu près 10 minutes entre downtown et les terminaux. La station de métro n’est pas située directement dans l’enceinte de l’aéroport et se rejoint via un système de navettes gratuites qui circulent très régulièrement entre 5h30 et 1h du matin. Les taxis sont évidemment très nombreux même s’il est plus difficile d’en attraper un dans la rue qu’à NYC. Attention, car même si le trajet est court (une vingtaine de minutes), l’itinéraire par les tunnels est souvent très chargé.

South Station, en plein Downtown au croisement de Summer Street et d’Atlantic Avenue, est à la fois la gare ferroviaire et la gare routière de la ville. Les trains longue distance Amtrak desservent le Northeast Corridor (la grande agglomération qui part de Washington DC pour aboutir à Boston au nord, en passant par Baltimore, Philly, NYC et Providence), ainsi que le nord-ouest des USA (Chicago) et le Canada via Springfield dans le centre du Massachusetts. La station est assez agréable (toute proportion gardée) et possède notamment une vieille horloge qui vaut le coup d’œil. La ligne rouge du métro de Boston dessert la gare, downtown et Harvard. Il est assez peu probable que vous ayez à utiliser les autres gares de la ville, à savoir Back Bay Station (où certain train Amtrak font un stop) et North Station (trains de banlieue uniquement).

Les bus utilisent donc également South Station comme gare centrale. De nombreuses compagnies se partagent les lignes locales et régionales. Il est très facile de se rendre à peu près partout en Nouvelle-Angleterre grâce au réseau de bus, ainsi qu’à New York City ou plus loin avec les compagnies longue distance.

Pour circuler en ville, le plus agréable et le plus pratique reste d’utiliser vos bonnes vieilles jambes. Boston est l’une de ces (trop) rares villes américaines à pouvoir se visiter et parcourir à pied sans devoir faire 2 kilomètres rien que pour traverser une seule avenue (ah Los Angeles…). La cité fut construite bien avant l’invention de la voiture et cela se ressent, un peu comme en Europe finalement. Marcher à Boston est un plaisir, y conduire peut tourner (et tourne invariablement) au cauchemar. Les panneaux de direction sont inexistants, les routes sont illogiques (dans les banlieues, vous avez autant de chance de vous retrouver dans le Maine qu’au centre de Boston si vous n’êtes pas très attentif), les sens unique sont un casse-tête et les prix des parkings sont indexés sur le cours de l’or. À côté de ça, vous serez ravi d’apprendre que Boston dispose d’un système de transport en commun très efficace. Le métro de la ville est le plus ancien du pays (ouvert en 1897) et sa première station, Park Street, constitue toujours le centre de son réseau. Tous les trains notés « inbound » vont donc en direction de Park Street. Le réseau compte 4 lignes, codifiées par couleurs, rouge, verte, bleue et orange. Le métro fonctionne de 5h à 1h du matin, un peu à l’image de Paris. Il est sûr et fiable et seules les parties excentrées de la ligne orange sont à éviter tard le soir. Le trajet coûte 2,10$, avec tout un système de réduction à côté.

Se repérer

Boston s’est construite et développée autour des jardins de Boston Common, déclarés terrains publics en 1634. C’est le véritable cœur de la ville et un point de départ assez logique pour la visiter. L’office du tourisme tout proche est le point de départ du Freedom Trail. Face à Tremont Street, le quartier commerçant de Downtown, le Quincy Market et le front de mer se trouvent tout droit et à droite. Jouxtant le front de mer, le secteur du North End est un quartier d’immigration. Autrefois irlandais, puis juif et aujourd’hui très largement italien. Sur la gauche se situe le quartier très photogénique de Beacon Hill, considéré depuis longtemps comme l’adresse la plus prestigieuse de l’Amérique. Derrière se trouvent les « nouveaux » quartiers, construits sur d’anciens marais asséchés, notamment le chic Back Bay, autre haut lieu touristique de la ville. Enfin de l’autre côté de la rivière Charles, la ville de Cambridge constitue le cœur étudiant de l’agglomération avec en point d’orgue la légendaire (et légendairement cher) université d’Harvard.

Boston, Massachusetts

Boston Massachusetts

Situer ce lieu sur une carte

Population : 645.966 (agglomération : 4.180.000)

Boston est un must ! Voilà c’est dit, au moins vous savez à quoi vous en tenir. L’une des cités les plus connues et les plus touristiques de la côte est américaine, Boston n’est pas une si grande ville à l’échelle des USA (elle se classe à la 24e place des villes du pays). Bien que l’agglomération de Boston se soit depuis longtemps étendue sur le littoral de la baie du Massachusetts, ainsi que sur des kilomètres à l’intérieur de terres, il est étonnant de constater (surtout en Amérique) que son cœur originel, son vieux port du 17e siècle, est toujours apparent. Si vous êtes venu aux USA pour les villes tentaculaires avec leurs immenses avenues qui se coupent à angle droit ou pour les autoroutes à 10 voies, inutile de faire un détour à Boston, vous seriez déçu. Ici, vous ne trouverez pas le plan quadrillé typique de l’Amérique moderne (inventé à Philadelphie au 18e siècle). La ville est l’opposé de Los Angeles, une cité à taille humaine où l’on se déplace à pied dans des rues sinueuses. Les vieux quartiers autour des jardins de Boston Common, le cœur de la ville, sont un témoignage sur l’aspect de la première grande cité américaine.

Jusqu’en 1755, Boston était la plus grande ville de la nation américaine, qui n’était pas encore un pays. En tant que capitale de facto, Boston était forcément beaucoup plus observée et contrôlée par l’Angleterre. Ce fut donc fort logiquement le premier lieu de naissance des idées qui mèneront à la Révolution américaine et à la Guerre d’Indépendance. De nombreux sites historiques emblématiques de cette époque peuvent être vus le long d’une promenade urbaine appelée le Freedom Trail. Littéralement, le sentier de la liberté, le Freedom Trail est la première attraction touristique de la cité. Ce chemin rouge tracé sur les rues de downtown conduit de bâtiments historiques en bâtiments historiques à la découverte des prémices des USA.

Du temps de l’Empire Britannique, Boston, construite sur une péninsule étroite, était toute entière dédiée à la mer. C’était le troisième port de la couronne après Londres et Bristol. L’actuelle Washington Street était alors le seul chemin permettant d’accéder à Boston depuis l’intérieur des terres. L’espace qui constitue le parc de Boston Common était lui-même une rade d’amarrage pour les navires. Difficile d’imaginer Boston ainsi, car la ville a beaucoup changé.

Au cours du 19e siècle, on combla un espace naturel constitué de marais le long de la Charles River pour en faire un nouveau quartier de la ville. Ce quartier chic, Black Bay, allait ouvrir la voie de l’expansion de Boston et de son agglomération. Jusqu’à il y a peu, le centre de la ville était séparé de la Baie et du quartier italien de North End, par l’autoroute I-93 qui tailladait littéralement la cité. Un projet d’envergure colossal et débuté en 1985 visant à faire passer l’autoroute dans un tunnel sous Downtown, sembla ne jamais finir. De nombreux locaux auraient juré, ne jamais voir de leur vivant la fin de cette construction et pourtant en 2007, ce projet, le Big Dig (le gros creux), s’est achevé. La cicatrice de l’I-93 a disparu et Boston s’en est trouvé revitalisé. Avec un coût proche de 15 milliards de dollars, le Big Dig est toujours aujourd’hui la construction la plus chère des USA.

Pour le reste de l’Amérique, et particulièrement les habitants du sud et de l’ouest, les habitants de Boston sont perçus comme snob, avec un net penchant à vouloir vivre dans le passé (comprenez comme en Angleterre). L’accent des Brahmins (ou brahmanes) est toujours audible dans les quartiers les plus chics de la ville. Les Brahmins sont les membres de la haute bourgeoisie de Boston, habitant les secteurs huppés et fréquentant de préférence Harvard. Les puristes se reconnaissent à leur lignée qui remonte directement aux premiers colons arrivés sur le Mayflower ainsi… qu’à leur accent. Le terme de Brahmane vient du nom de la plus haute caste du système des castes en Inde. Les brahmanes de Boston se considèrent largement au-dessus du lot, y compris (et surtout) de la bourgeoisie new-yorkaise qu’ils considèrent comme populaire.

Toutefois, Boston est aussi une ville métissée. Après la famine en Europe, les Irlandais ont commencé à immigrer en masse à Boston, jusqu’à en faire l’une des plus grandes villes irlandaises du monde après Dublin. Dès 1885, le maire de la ville était d’origine irlandaise puis environ un siècle plus tard, le pays élira un président issu de l’immigration irlandaise de Boston, JFK. Les Kennedy ont marqué Boston de leur empreinte, évidemment. Le libéralisme attaché à cette famille respire à Boston et est toujours plus vivace que jamais, nourri notamment par la centaine d’université et d’écoles que compte l’agglomération. Parmi celles-ci, la plus célèbre est bien entendu l’Université d’Harvard, dont le mythe va bien au-delà des frontières de la ville (en réalité la ville de Cambridge, face à Boston le long de la rivière Charles) et même du pays.

Le marasme des dépressions économiques du 20e siècle n’a pas épargné la ville et à de nombreuses périodes, surtout depuis les années 1950 la population de la ville a diminué. Aujourd’hui cependant, comme pour bon nombre de grandes cités américaines, l’heure est au renouveau et au rajeunissement. De nombreux quartiers ont fait peau neuve, les bâtiments historiques ont été préservés et mis en valeur, l’hideuse autoroute du centre est un lointain souvenir, l’architecture s’est embellie et de nombreux musées innovants ont ouvert leur porte. À 4h de route de New York City, Boston est le cœur de la Nouvelle-Angleterre et c’est incontestablement la destination principale de la région. Une destination qui mérite un détour et, si vous êtes dans les parages, qu’il est inconcevable de manquer.