Si, sur une carte, Mono Lake n’apparaît pas très loin de Lake Tahoe au nord, les deux pupilles bleues de la Californie ne pourraient en définitive pas être plus différente l’une de l’autre.
Mono Lake s’étend au cœur d’un désert volcanique tout au nord de la vallée d’Owens. Sous certaine lumière, comme lors du coucher de soleil, il apparait comme un paysage de science-fiction, presque lunaire. Deux grandes îles se trouvent sur le lac, l’une au sol presque blanc, l’autre quasiment noire ! Les eaux du lacs sont stagnantes et excessivement salées, bien loin des eaux profondes et pures du Lac Tahoe. Pour couronner l’étrangeté de Mono Lake, des formations de calcium trônent sur ses bords comme des statues. Un spectacle unique.
Mono Lake n’a pas toujours été aussi peu profond et aride. C’est, comme souvent, l’intervention des Hommes qui a façonné l’environnement tel que nous le voyons aujourd’hui. La construction d’un aqueduc destiné à approvisionner Los Angeles à largement abimé le lac. Ce n’est qu’au début des années 1990 que sa préservation fut sérieusement entreprise, et il était déjà beaucoup trop tard. L’écosystème est certainement très dégradé par rapport à ce qu’il devait être il y a 50 ans, mais il fait le bonheur d’une espèce particulière : les mouettes (californiennes, pour être précis). Il y en a des milliers sur le lac. Avec un littoral aussi vaste on aurait pu penser que cet oiseau côtier y aurait trouvé son lieu de prédilection mais c’est bien ici, dans une région aride et sur un lac maigrelet que les mouettes se rassemblent en plus grand nombre. D’autres espèces les accompagnent.
Le lac Mono et ses paysages hypnotiques se découvrent facilement depuis la petite ville de Lee Vining, située à peine 2 kilomètres en retrait du lac. Deux offices du tourisme (un dans la ville, un autre en dehors) y donnent de nombreuses informations sur le lac, son histoire et la lutte pour sa conservation. Lee Vining en elle-même n’a pas d’autre intérêt que sa proximité avec le lac. C’est une bourgade qui est à peine aussi large que la route qui la traverse (qui, il faut l’avouer, est pour sa part bien large). La cité offre des vues sur le lac et les montagnes environnantes et surtout plusieurs motels et quelques Diners.
Au nord-est de Lee Vining, à une bonne quarantaine de kilomètres et presque à la frontière du Nevada, dans un recoin isolé et désertique de la vallée, se trouve la ville fantôme de Bodie. Bien préservée, cette ville de la ruée vers l’or, construite dans les années 1870, figure parmi les villes fantômes les plus pittoresques et intéressantes de tout le pays. C’est d’ailleurs l’une des plus connues. De nombreux bâtiments sont toujours intacts, mais, et c’est certainement l’un de ses attraits, aucun n’a vraiment été restauré pour le tourisme.
A son apogée, Bodie ne comptait pas moins de 60 saloons (!), autant de salons de danse, et une population de près de 10.000 pionniers. C’était évidemment une ville sans foi ni loi, réputée dans tout l’Ouest pour son anarchie notoire et pour être l’une des villes minières les plus agitées qui soit.
Autour du centre-ville, rien de plus que l’intersection de deux chemins en terre, subsistent une bonne centaine de construction d’époque. Ces maisonnettes et autres saloons en bois sont dans un état d’abandon relatif mais garde indéniablement tout leur caractère et confèrent aux lieux une atmosphère cinématographique. Quelques vieux objets et autres pièces mécaniques rouillées achèvent le décor très Western. On peut visiter la ville librement après s’être acquitté du petit droit d’entrée du Bodie State Park qui abrite le site. Les ruines des mines à proprement parler sont en revanche inaccessibles, sauf à se joindre à une visite guidée. Il faut noter également que le site est réellement perdu et qu’il est souvent difficile d’accès en hiver (voire totalement fermé). De plus, les quelques derniers kilomètres de la route qui y mène depuis l’embranchement de la US-395 ne sont pas goudronnés (et certaine compagnie de location de voiture n’apprécie pas beaucoup ce genre d’escapade).