San Francisco, Californie

San Francisco Californie présentation

Situer San Francisco, Californie, sur une carte

Population : 852.470 (agglomération : 4.594.000) 

Dans le cœur des Européens, la balance oscille souvent entre Los Angeles et San Francisco, le plus souvent en faveur de cette dernière. Avant d’entreprendre ce long voyage en votre compagnie à la découverte de la City by the Bay, je souhaiterais vous faire part de mon opinion (dont tout le monde se fout probablement) : à mes yeux, rien ne remplace Los Angeles en Californie. L.A est la cité à voir en priorité pour ceux qui découvrent l’état. Cela dit, même si j’ai un penchant certain pour vouloir rétablir l’image de la cité des anges, trop souvent piétinée par le fantasme idyllique façonné par les visiteurs autour de San Francisco, loin de moi l’idée de faire du tort à San Francisco, qui reste très clairement l’une des destinations majeures dans le pays et à travers le monde. Embarquement immédiat pour ce petit univers, une ville relativement modeste, mais dont l’impact est mondial.

L’un des sites les plus fantastiques des États-Unis, la pointe nord de la péninsule qui garde l’entrée de la baie de San Francisco accueille la ville du même nom, emblème californien par excellence. La beauté naturelle de la région est un immense attrait. Imaginez plutôt. Une côte rocheuse, sauvage, ponctuée de vastes plages sur le Pacifique. Côté Baie, des eaux calmes, lumineuses. Régulièrement, un épais brouillard vient mystifier ce lieu et rafraichir l’atmosphère (il ne fait jamais très chaud à San Francisco, ni jamais très froid non plus).

Le long des rues et avenues de cette ville, qui est indéniablement la plus adaptée aux piétons en Amérique (avec New York), s’égrènent une série de quartiers aux personnalités et styles distincts, parfois branchés et tendances, parfois huppés et aristocratiques, d’autres fois underground, artistiques, et malheureusement dès fois laissés pour compte et miséreux (eh oui, ça existe aussi à San Francisco, et un peu plus qu’on ne l’imagine). Les vieilles librairies poussiéreuses répondent aux cafés hipsters ou aux boutiques fashion, et les demeures victoriennes côtoient les lofts modernes.

Les habitants de San Francisco sont assez singuliers. Ils se considèrent comme partie intégrante d’un univers culturellement évolué, techniquement à la pointe de l’innovation, idéaliste et un brin utopiste, loin des fast-foods crasseux, des mini-mall et de l’abrutissement supposé des masses à Los Angeles (qui est à 6 heures de route environ). Dans un sens, ils n’ont pas totalement tort. Ces deux fascinantes cités ne pourraient pas être plus différentes et leurs préoccupations plus opposées. San Francisco est l’antithèse du style SoCal (South California) ou le soleil, le surf, le paraître et l’Entertainment dictent les modes. C’est tout simplement l’épicentre du NoCal (North California), une conscience bio, éthique, progressiste et cultivé.

C’est à San Francisco que les Nations Unies sont nées (à l’hôtel Fairmont), que la Beat Generation a défini toute une culture, que les mouvements des droits pour les minorités, particulièrement les gays, ont toujours trouvés échos. Une ouverture d’esprit à quelques heures d’avion des campagnes texanes, mais qui pourrait tout aussi bien évoquer une autre planète. Un symbole aussi fort que peuvent l’être les images du Golden Gate et d’Alcatraz dans l’esprit des voyageurs.

Le cliché est là, bien vivant, mais au-delà de tout ceci, ce qui surprend le plus les visiteurs, c’est en règle générale la simple vérité : San Francisco se veut à part en Amérique, mais elle est incontestablement et avant tout Californienne. Ce n’est en rien une cité aux accents européens, comme on peut le voir écrit dans les guides. Ce n’est pas non plus le Shangri-la où la magie de l’Amérique rencontrerait enfin la paix sociale qui lui fait tant défaut, loin de là d’ailleurs (vous verrez plus de sans-abris et de paumés à San Francisco que dans l’écrasante majorité des grandes villes du pays). Et puis, les faits sont là. San Francisco a vu arriver le blue-jean, les burritos dans le quartier de Mission, les productions de films X… sous son vernis, San Francisco est une Los Angeles qui aurait troqué son t-shirt débraillé pour un petit tailleur chic, mais le fond reste le même.

Il n’y a pas à rougir, comme sa grande sœur, qu’elle préférerait ne pas avoir dans sa famille, San Francisco est une ville exaltante, au romantisme exacerbé, à l’exotisme puissant. On pourrait jouer les puristes et prétendre que Seattle est bien plus fidèle à l’image populaire véhiculée par San Francisco, mais ce serait mentir. La ville de la Baie possède un quelque chose en plus, qui en fait une destination absolument incontournable. Laissez-vous emporter et n’oubliez pas que la ville n’occupe qu’une petite partie de la Baie (c’est la deuxième ville la plus dense du pays) et que l’on ne peut pas vraiment la comprendre sans voir le reste de sa région.

D’un point de vue purement pratique, l’un des grands plaisirs de San Francisco est évidemment sa configuration idéale pour la parcourir à pied (même si les montées peuvent être rudes, vous êtes prévenus). Il s’agit de l’un des très rares recoins de l’Amérique où la survie sans voiture ne pose pas un problème psychologique grave. En réalité, le même schéma s’applique ici et à New York. La conduite y est complexe (les montées, réellement, sont difficiles à négocier), le parking est un cauchemar (hors de prix), mais contrairement à NYC la marche y est toujours agréable sachant que le climat de la ville est bloqué en période début de printemps (toutefois n’oubliez pas votre pull, été comme hiver). Pour nous, humble visiteur, la ville est sûre. Toutefois, mieux vaut ne pas se laisser leurrer. La nuit, faites attention quand vous irez découvrir ses innombrables restaurants et bars. Évitez absolument les quartiers mal famés (problèmes importants de drogues et de violences).

Un peu d’histoire

Condensé de tous les clichés de l’Ouest, passé et présent, l’histoire de San Francisco est passionnante. Je vais tâcher de vous en donner un avant-goût.

À l’origine, comme c’est souvent le cas partout aux USA, il y avait une tribu amérindienne, le peuple Ohlone. Ils vivaient dans la région de la Baie, dans plusieurs villages. Au 18e siècle, histoire classique, les Espagnols débarquent et établissent ici la 16e mission religieuse californienne le long de la côte. Loin du paradis promis par les missionnaires, la vie pour les Ohlone se transforme en enfer et les conditions imposées, ainsi que les maladies européennes, auront raison de leur peuple en quelques générations.

Au début des années 1820, changement de pouvoir, les Mexicains chassent les Espagnols, qui ne laisseront de leur passage en Californie que le nom de l’état et la chaîne des missions. En 1846, les Américains s’emparent de la région lors de la révolte de Bear Flag, un véritable coup d’État mené sans violence (et qui donnera à la Californie son drapeau, avec un ours). Entrés dans la Baie par la mer, ils surnommeront le splendide passage entre l’océan et la baie du nom de porte dorée, Golden Gate. Le petit village qui se trouve à l’entrée de la baie, Yerba Buena, sera rapidement rebaptisé San Francisco, selon une dernière volonté du père Junipero Serra, fondateur des missions religieuses de Californie.

En 1848, un pionnier du nom de Sam Brannan affirme avoir trouvé des montagnes d’or dans la région, déclenchant l’étincelle de la ruée vers l’or dans l’Ouest, le légendaire Gold Rush. En moins d’une année, la population du village explose, des dizaines de milliers de pionniers arrivent de toutes les régions du pays et du monde (particulièrement de Chine) transformant San Francisco en une ville. En 1869, lorsque le chemin de fer venant de l’Est arrive enfin à San Francisco, la cité est une ville du Far West, où s’alignent les saloons, les bordels et les bandits.

Ceux qui ont fait fortune à l’époque avec le Comstock Lode, un immense filon d’argent au Nevada (bien plus fiable que les filons d’or imprévisibles), attiré par le cadre de San Francisco, entreprennent de transformer la ville. Un système de transport en tramway est construit (les cable cars) et de chics maisons Victoriennes (les « Painted Ladies ») remplacent les établissements peu fréquentables.

En 1906, un grand tremblement de terre et un incendie qui durera plusieurs jours, emporte la majeure partie de la ville. La reconstruction se fait immédiatement et cette fois-ci, on ne laisse plus aucune trace du passé de ville de pionniers. C’est une cité splendide qui ressort des cendres. San Francisco devient un site réputé et attire les artistes, les libres penseurs, les écrivains. La grande dépression des années 1930 sera largement atténuée par le rôle pivot du commerce avec l’Asie et par les grands projets de l’époque, le pont du Golden Gate en tête. Ainsi, c’est à cette époque que San Francisco se forge, au moins dans l’esprit de ses habitants, une place bien à part dans la société américaine. Ce qui se passe ailleurs n’a pas d’emprise sur la ville, et ce qui se fait en ville n’a pas forcément d’emprise ailleurs.

Il n’empêche, les années de la Seconde Guerre mondiale sont aussi sombres que partout ailleurs. Les lois contre les Chinois, ceux qui sont restés après la construction du chemin de fer en espérant une vie meilleure en Amérique, et l’emprisonnement des Japonais font échos aux évènements qui secouent la planète. San Francisco en ressort avec une soif de liberté plus grande que jamais. Dans les années 1950, la Beat Generation établit la contre-culture, qui définit toujours plus ou moins l’état d’esprit profond de la ville. Le Summer of Love de 1967 dans le quartier de Haight-Ashbury révèle la pensée hippie au reste du monde, « peace and love ». San Francisco devient une ville totalement libérale et s’entoure de l’aura de modèle de tolérance que l’on connaît aujourd’hui, comme en témoigne son statut de capitale gay.

Désormais, San Francisco est une ville qui se fait une fierté de cette histoire et d’être à contrecourant de l’Amérique. Toutefois, si la tolérance est restée, les drogues aussi et il n’y a pas à gratter beaucoup pour découvrir que les lauriers ne sont parfois qu’un matelas d’épines (un passage dans le quartier de Tenderloin, socialement misérable, est une expérience qui contraste avec l’image que l’on a de la ville). San Francisco n’est ni plus ni moins ghettoïsée que le reste de l’Amérique, simplement au-delà des couleurs de peau et de la classe sociale, la cité ajoute un troisième critère de différence : la sexualité. À défaut d’être réellement différente du reste du pays, San Francisco souhaite au moins faire comme si c’était le cas et adopte une attitude très laxiste (qui est certainement cette touche « européenne » que vantent les guides et qui est effectivement bien différente des autres villes américaines). Cela donne une atmosphère indubitablement ouverte à la ville, mais donne parfois à certaines rues des allures de défilé de barjos, zombies et nombreux homeless (SDF) qui laissent perplexe sur l’état social du pays.

En dépit de tout, San Francisco est aussi, et surtout, une ville de business, finalement moins centrée sur les loisirs que Los Angeles. La richesse a engendré une scène sociale et culturelle très riche pour une ville d’une taille finalement modeste à l’échelle du pays. San Francisco possède une renommée digne de New York pour ses restaurants, ses musées, et ses quartiers branchés. L’économie y est florissante, mais pas forcément plus qu’ailleurs aux USA.

Le tournant majeur de l’histoire récente de San Francisco reste l’économie du web. Les startups de la Silicon Valley des années 1990 sont devenues pour certaines de véritable Big Brother, dont la puissance dépasse celle des états, Google et Facebook en tête. San Francisco est une ville puissante, magnifique et complexe. Bienvenue à Frisco.

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