South Central, Los Angeles, Californie

South Central Los Angeles

Situer ce lieu sur une carte

Dès que l’on quitte Downtown, Los Angeles prend son visage le plus commun. Celui d’une infinie banlieue pavillonnaires ou se croisent infiniment les voitures sur un nombre infini de rues et d’avenues. Le tout est caractérisé bien entendu par le vide infini des trottoirs. Les environs immédiats de Downtown sont les quartiers les moins attrayants et bien souvent les plus pauvres de l’agglomération. La plupart des secteurs sont traversés par de larges autoroutes, sortes de cicatrices urbaines qui isolent bon nombres d’habitants des richesses de la ville. Les points d’intérêts existent mais les distances entre eux sont longues aussi je ne pense pas qu’il soit judicieux de vouloir visiter ce secteur en un seul bloc.

MacArthur Park

Accessible par la ligne rouge du métro de L.A, les pelouses et le lac de MacArthur Park constituent le coin de verdure le plus proche de Downtown. De ce fait on y trouve de nombreux vendeurs de rues, des marchés aux puces improvisés et une tranquillité très relative. Dans l’absolu MacArthur est un parc agréable avec ses nombreux palmiers et ses vues sur les buildings de Downtown mais dans la pratique ce n’est pas vraiment la pleine nature (il est traversé par une 2×2 voies très passantes) et surtout ce n’est pas réellement un coin très recommandable. De jour c’est anodin, dans la mesure où quelques trafics ne vous dérangent pas, mais de nuit c’est assez peu probable que vous ayez envie d’y flâner (sauf si vous êtes clairement impliqué dans de nombreux trafics ou membre d’un gang). Le parc est surplombé par l’immense signe photogénique du Westlake Theatre, un monument historique aujourd’hui fermé mais en projet de rénovation.

Non loin du parc, le Grier-Musser Museum (S. Bonnie Brac Street, croisement de W. 4th Street, juste au sud de W. 3rd Street, entrée 6$, horaires assez fantaisistes et réduits que j’ai eu beaucoup de mal à comprendre, renseignez-vous avant d’y aller) permet de revivre l’époque où ce quartier aujourd’hui décrépit était une petite banlieue tranquille de la classe moyenne avec de belles maisons victoriennes joliment décorées et détaillées. Ce petit musée n’est ni plus ni moins que l’une de ces maisons qu’il est donc possible de visiter. Toutefois c’est tout de même d’un intérêt assez mitigé et la visite est plutôt réservée à ceux qui ont vraiment un intérêt dans l’architecture. Je reconnais que c’est également (surtout ?) réservé à ceux qui ont un petit goût pour l’aventure car vous êtes ici dans un quartier de Los Angeles qui n’est absolument pas touristique. En fait on remarque dans les rues adjacentes d’autres maisons dans le style du musée mais de façon plutôt surprenante ces sympathiques et coquettes demeures cachent un quartier réputé particulièrement dangereux. Un coup d’œil depuis la voiture ne pose pas de problème mais il est déconseillé de jouer aux touristes dans la rue.

J’imagine que les amateurs d’architecture qui auront fait le déplacement au Grier-Musser seront ravi d’apprendre que quelques blocs plus loin vers l’ouest, dans un quartier beaucoup plus sûr, se trouve le Bullock’s Wilshire (situé à l’angle de Wilshire Boulevard et de Westmoreland Avenue). Cet ancien grand magasin haut de gamme est un classique de l’architecture Art Deco typique de la fin des années 1920 à Los Angeles. Ce fût l’un des premiers magasins de Los Angeles clairement destiné à une clientèle d’automobiliste. A l’époque une boutique située au cœur d’un quartier résidentiel était une petite révolution. Aujourd’hui se serait plutôt un grand magasin à Downtown qui serait un chamboulement. Autant il a lancé une mode, autant il n’y a pas survécut et désormais le building abrite la bibliothèque de l’université de droit qui se trouve juste à côté. Il est toujours possible de visiter l’intérieur du bâtiment via des tours guidés. A noter que le bâtiment est régulièrement utilisé comme décor de film, on peut notamment le voir dans The Aviator ou Ghostbusters. Comme vous le voyez c’est un décor qui convient à tous les styles !

Un peu plus loin sur Wilshire Boulevard se trouvait jusqu’en 2005 l’Ambassador Hotel. Ce grand hôtel d’inspiration méditerranéenne était une adresse réputée de Los Angeles dans les années 1930 et 1940 puis dans une moindre mesure jusqu’en 1968. Vous allez me dire, pourquoi 1968 exactement ? L’hôtel fût l’un des nombreux théâtres de la malédiction de la famille Kennedy dont les membres ont la fâcheuse tendance à être couronné de succès dans leur vie mais violement rattrapé par leur destin. Ainsi 5 ans après son frère président, Robert F. Kennedy, alors sénateur de Californie, est assassiné à l’Ambassador par un fanatique. Très exactement en juin 1968 dans le garde-manger des cuisines de l’hôtel. Dès lors l’hôtel est frappé lui aussi de malédiction. Cet événement coïncide avec la montée fulgurante de la violence et des gangs dans cette partie de Los Angeles, très dégradée dans les années 1970. La réhabilitation du quartier sera fatale au monument qui sera démoli. Il fût lui aussi un grand lieu de tournage pour Hollywood, avec une liste très longue de blockbuster à son actif dont Pretty Woman, L.A Story, The Mask, Arrêtes-moi Si Tu Peux, True Romance, Forrest Gump, j’en passe et des meilleurs. Désormais il n’y a plus à cette adresse qu’un petit parc et un mémorial. Je vous l’ai dit, Los Angeles n’a aucune pitié pour l’histoire.

Je pense sans me tromper qu’à ce moment de l’article vous êtes soit, petit a, décidé à ne jamais mettre un pied dans le coin, soit, petit b, très dubitatif sur les attraits du quartier de MacArthur Park. C’est parce que je garde le meilleur pour la fin. En fait la seule véritable raison de se balader dans le coin c’est pour découvrir Koreatown. Situé le long d’Olympic Boulevard, entre les avenues Vermont et Western, le quartier coréen de Los Angeles est le plus grand des Usa et du monde en dehors de la Corée. Moins typé que le Koreatown de New-York (sur la 32e rue de Manhattan), le quartier de Los Angeles est beaucoup plus grand. A certain endroit il est nettement plus latino que coréen mais cela reste assez dépaysant. Moins attrayant que Little Tokyo à Downtown, Koreatown ne présente pas vraiment d’intérêt touristique mais il compte en revanche une bonne poignée d’excellents restaurants.

 

Exposition Park

Au sud de Downtown, sur Exposition Boulevard en face de l’immense campus de l’USC (University of South California, où je vous invite par ailleurs à faire un tour si cela vous intéresse et que vous avez de nombreuses heures devant vous), nous trouvons Exposition Park qui est l’un des parcs les plus appréciés de Los Angeles. Il faut dire qu’il est situé au cœur d’une zone de banlieues tentaculaires auquel il apporte de l’intérêt (le seul à des kilomètres à la ronde). Le quartier et le parc ne sont pas trop fréquentables la nuit mais comme à chaque fois je ne vois de toute façon pas pourquoi quelqu’un se retrouverai ici en pleine nuit. A l’origine Exposition Parc était voué à être un marché en plein air, ce qui était une idée particulièrement innovante dans les années 1880. Un peu trop puisque ça n’a pas pris. D’un point de vue purement touristique il ne s’agit pas d’un parc au sens naturel mais véritablement d’un parc culturel. L’espace naturel se limite au superbe Rose Garden qui comprend 16.000 plantes. La floraison à lieu en avril et en mai. L’Exposition Parc est donc surtout attrayant pour les musées qu’il contient. Le California Science Center, surnommé le ScienCenter, est dédié à… la science. S’il y a bien une chose que vous êtes sûr de voir dans ce musée se sont des enfants aux anges. C’est l’une des grandes attractions familiales de L.A. Les grands enfants ne sont pas en reste car les expositions sont interactives et fascinantes pour la plupart. On peut notamment y jouer à l’architecte et construire un building (qui résiste aux tremblements de terre, on est en Californie) ou bien découvrir un robot géant animé appelé Tess qui explique le fonctionnement du corps humain (oui, c’est ça l’avenir, un robot qui vous explique comme marche un humain). Le clou du spectacle reste l’exposition de divers avions de chasses, un hélicoptère du LAPD (Los Angeles Police Department), satellites, robots de la Nasa et surtout de la navette spatiale Endeavour. Cette dernière dispose de son propre building d’exposition construit sur mesure et c’est particulièrement impressionnant à voir. Le ScienCenter comprend aussi un cinéma IMAX qui diffuse des documentaires. Le musée est gratuit mais l’accès à la salle de la navette est en supplément (2$) de même que les séances de l’Imax. A noter également que le parking est payant (10$) et n’accepte bizarrement que les espèces. A côté du ScienCenter, et nettement moins visité, se trouve le California African American Museum (entrée gratuite). Il se situe en face d’un avion DC-8 en exposition. Il propose des expositions artistiques illustrant l’histoire, les arts et la culture de la communauté noire-américaine.

A l’opposé de l’African American Museum, le Natural History Museum of Los Angeles County prend place dans le plus beau bâtiment du parc. Ce building beaux-arts de 1913 est remarquable pour son dôme et ses colonnes. Si vous ne faites qu’une seule photo du parc se sera probablement celle du musée dans l’alignement du Rose Garden. C’est un musée d’histoire naturelle assez classique mais bien fait. Le gros de la visite implique des animaux (fossilisés, je précise) replacés dans leurs environnements naturels. L’exposition la plus visitée concerne (comme toujours je crois dans ce type de musée) les dinosaures. On peut y voir les squelettes de toute une famille de T-Rex (le papa, l’ado et le bébé), ainsi qu’une vingtaine d’autres espèces dont un Diatryma (un gigantesque oiseau qui ne pouvait pas voler). Dans le Dino Lab on peut voir des paléontologues (des vrais, enfin c’est ce qu’on nous dit !) en train de travailler sur des fossiles. Le musée expose également des objets et des peintures Mayas et une ancienne tombe mexicaine reconstruite. L’entrée coûte 12$ mais est gratuite chaque premier mardi du mois (sauf juillet et août).

Ceux qui feront le grand tour du parc ne pourront pas manquer de voir le LA Coliseum qui fût le stade principal des Jeux Olympiques de 1934 et de 1984. Il est aujourd’hui utilisé par les équipes de l’université. Ça n’a rien de passionnant cela dit mais si vous y êtes ne manquez pas de jeter un œil aux statues qui ont la tête coupée. L’explication doit être fascinante mais je ne la connais pas. OK, réflexion faites ça ne doit pas être si fascinant.

 

South Central

South Central est un vaste secteur de l’agglomération de L.A dont la caractéristique principale est d’être soigneusement évité par tous ceux qui n’y résident pas. Par la même occasion ceux qui y habitent ont généralement la caractéristique principale de vouloir en partir. South Central LA concentre la très grande majorité des ghettos urbains de la mégapole et certaine ville comme Compton font clairement partie du cauchemar plutôt que du rêve américain. Cependant une solide proportion de touristes passe dans South Central sans le savoir, principalement à Inglewood, en sortant de l’aéroport LAX ou en y revenant, parfois pour faire le plein de la voiture de location, parfois pour emprunter une autoroute après quelques détours. Je ne suis pas certain que ce paragraphe concerne un jour quelqu’un d’un point de vue touristique, mais si tel est le cas, cher ami, voici ce que tu vas y découvrir (oui disons que je vais te tutoyer directement se sera plus simple si tu veux bien). South Central est donc à l’écart des circuits touristiques, tu l’aura compris. Le quartier se compose de plusieurs villes indépendantes situées grossièrement entre l’autoroute 10 au nord et l’autoroute 105 au sud et entre l’autoroute 405 à l’ouest et l’autoroute 710 à l’ouest. Le tout est traversé au centre par la tranchée de l’autoroute 110. La population de ce secteur a toujours été largement afro-américaine mais dernièrement les communautés asiatiques et surtout latinos sont en pleine expansion.

Au premier abord South Central n’a pas l’image du quartier urbain abimé à laquelle on pourrait s’attendre. Il est principalement constitué d’une infinité de lotissements de petites maisons (plutôt des bungalows) entourées par des jardins plantés de quelques palmiers. On sent bien une certaine mélancolie mais ce n’est réellement pas choquant (comme peut l’être le quartier de Skid Row par exemple). Le malaise devient plus évident sur les grands axes où les commerces (majoritairement des stations-services crasseuses, fast-food minables et entrepôts vides) sont pour la plupart grillagés comme pour prévenir une guérilla. Comme souvent aux USA le problème vient véritablement de l’inégalité des chances dont dispose la population de ces quartiers. Les possibilités d’études correctes, d’emplois et tout simplement d’échappatoires sont minimes voire abyssales. Pour des milliers de personnes qui iront se perdre dans une vie de misère ou parfois pire dans les gangs, seules quelques-unes auront la possibilité de gravir l’échelle sociale grâce, quasiment à chaque fois, au sport ou à la musique.

Cela n’a pas toujours été le cas. Dur à imaginer de nos jours mais le Los Angeles noir des années 1920 était une communauté vivante alignée le long de Central Avenue. On y trouvait alors des clubs de jazz, des restaurants et des hôtels. Parmi ceux-ci le Dunbar Hotel (4225 Central Avenue) fût le premier à être construit par et pour les noirs. Toutes les personnalités Afro-Américaines qui ont eu de l’influence entre 1930 et 1950 y ont sans doute séjourné au moins une fois. Comme le reste du quartier le Dunbar est ensuite tombé dans la spirale du déclin. A une époque il n’était plus habité que par des rats et des dealers de drogue. Il fût sauvé de la destruction par sa réhabilitation en tant que maison de repos pour les personnes âgées. Le bâtiment historique est toujours visible mais il n’est sincèrement pas incontournable.

La morne réalité du secteur aujourd’hui est matérialisée par des blocs à l’abandon, brûlés et pillés lors des émeutes générales qui ont eu lieu en 1992. Au sud de Downtown, Watts est le quartier le plus célèbre du secteur, à cause des émeutes d’août 1965 et des batailles urbaines de 1975. Depuis les émeutes, Watts s’enfonce irrémédiablement dans une spirale de pauvreté. Paradoxalement c’est un quartier créatif. Il possède une compagnie de danse et une œuvre urbaine assez unique, les Watts Towers. Situées au 1765 E. 107e street, les tours de Watts sont la seules vraie attraction de South Central. Il s’agit de grandes tours construites par un ouvrier, immigrant italien du nom de Simon Rodia, durant son temps libre pendant un peu plus de 33 ans. L’œuvre d’une vie dont la structure est faite en matériaux de récupérations, en acier et en fer, et la décoration en coquillages. Un travail titanesque que l’on aime ou pas mais qui a le mérite de donner une portée artistique à ce quartier tourmenté. Dans la théorie je ne peux que vous encourager à aller découvrir les Watts Tower, d’autant que le site est gratuit (même si les horaires d’ouverture sont aléatoires) et généralement patrouillé, mais dans la pratique vous n’irez probablement pas. Même en visitant L.A dix fois par ans pendant 40 ans vous n’irez probablement pas. Ça aussi c’est un peu le résumé d’un quartier désabusé.

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