Montgomery, Alabama

New Jersey

Situer Montgomery, Alabama sur une carte

Population : 205.290 (377.149 dans l’agglomération)

La position géographique de Montgomery au cœur de la Black Belt et en plein centre de l’état, à 90 miles au sud de Birmingham et à 160 miles à l’ouest d’Atlanta, lui a naturellement offert un rôle politique majeur à l’époque des plantations de coton. La ville tient son nom d’un général dont le fait d’arme le plus marquant fût de vouloir s’emparer du Québec lors de la guerre d’indépendance avant d’être tué. Elle devient la capitale de l’état d’Alabama en 1846 puis la capitale des états Confédérés quinze ans plus tard. La ville s’étend sur plusieurs collines autour de la rivière Alabama. Son quartier central, Downtown, est complétement endormi en dépit du fait qu’il ait une importance administrative de premier ordre et qu’il soit rempli de buildings monumentaux abritant les administrations. Downtown Montgomery est un coin qui semble désert la plupart du temps. Les commerces, les restaurants et l’animation s’en sont allés vers les malls et les petits centres villes des banlieues et particulièrement vers le quartier-ville de Cloverdale au sud-est. A Montgomery la lutte pour les droits civiques est le chapitre historique le plus important de la ville et quel que soit l’angle sous lequel vous l’abordez il ne semble pas vraiment refermé. Les quartiers de la ville sont soit totalement blanc soit totalement noir et l’intégration ou la mixité sociale ne sont pas véritablement au programme ni d’une communauté ni de l’autre. On fait vite le tour des quartiers principaux de Montgomery mais d’un point de vue purement esthétique c’est en fin de compte un endroit plutôt agréable (et très verdoyant). On y ressent plus l’ambiance du vieux sud qu’à Birmingham (mais aussi, revers de la médaille, moins l’aspect cosmopolite). Quoi qu’il en soit, pour qui s’intéresse un minimum à l’histoire américaine, et pour qui est de passage en Alabama, c’est une étape logique, ne serait-ce que pour élucider l’histoire d’un nom que tout le monde connait : Rosa Parks.

Infos. Montgomery possède un aéroport, le Dannelly Field Airport situé à 15 miles de Downtown. C’est principalement une base aérienne militaire mais il possède également une partie commerciale avec quelques vols vers Atlanta, Dallas ou Charlotte (vols par Delta, US Airways et American). Dans l’absolu mieux vaut utiliser l’aéroport de Birmingham (à 1h30 de route) ou même celui d’Altanta (à 2h30 de route et d’où vous pouvez aller quasiment partout car c’est le plus grand du monde) puis de venir en voiture à Montgomery. La voiture est par ailleurs le seul véritable mode de transport pour visiter la ville et s’y déplacer. Le visitor center se trouve dans une ancienne station de train (Union Station) sur Water Street au bord de la rivière.

Dodo. On trouve quelques B&Bs originaux à Montgomery et bien sur toute la panoplie habituelle des chaînes hôtelières, depuis les motels bas de gammes jusqu’aux hôtels business tout confort. L’Embassy Suites en face du visitor center est une bonne adresse.

Miam-Miam. Montgomery n’est pas une ville très originale en terme de restaurant, ni très variée d’ailleurs, mais on y trouve tout de même un choix conséquent. En fait toutes les enseignes nationales possédant une franchise semblent y être installées. Downtown possède une sélection d’adresses avec quelques bons restaurants de soul food. Le quartier de Cloverdale est plus haut de gamme et concentre plus d’animation (avec notamment des bars et des clubs de jazz qui s’animent le soir). Dans cette région située très au sud l’influence cajun (les anciens français de Louisiane) dans la cuisine se fait parfois sentir.

De façon absolument incroyable le drapeau confédéré a flotté sur le State Capitol (le capitole de l’état) jusqu’en 1993 avant que le drapeau de l’Alabama ne le remplace finalement. A peine croyable mais révélateur du quartier de downtown qui conserve encore les marques de l’époque de la ségrégation. Le capitole lui-même est un joli building de style imitation grec (aussi appelé revival grec un style kitsch mais monumental que les américains adorent) situé en haut de Dexter Avenue. La visite du capitole est gratuite et permet de découvrir à la fois le bâtiment et l’histoire on ne peut plus controversée qui l’entoure. Une étoile en bronze marque le lieu ou Jefferson Davis fût intronisé président des Etats Confédérés en février 1861. Un siècle plus tard le gouverneur de l’état George Wallace, de triste mémoire, y proclama qu’il n’abandonnerai jamais la ségrégation (sic), ce qu’il fera finalement quelques années plus tard sous le poids de l’opinion publique (et de sa bêtise probablement). Dans un registre similaire, le première Maison Blanche des Confédérés, occupée par Davis, se trouve sur Washington Street. Elle se visite également (entrée gratuite là aussi). C’est avant tout un musée qui conserve de nombreux objets liés aux états Confédérés. L’approche plutôt sentimentaliste est assez révélatrice des opinions qui sont toujours bien ancrées dans Montgomery. Difficile à comprendre dans les USA du 21e siècle quand on sait que l’idéologie principale des Confédérés était l’esclavage… Dans le même temps Downtown abrite également le musée des droits civiques, l’église de Martin Luther King et le musée de Rosa Parks. C’est tout le paradoxe de Montgomery qui sous des airs nonchalants est en fait imprégnée de tensions inconfortables qui semblent immuables. La ségrégation est certainement enterrée mais les communautés semblent se côtoyer en gardant toujours quelque part un désir de revanche ou de vengeance. D’un point de vue touristique je pense qu’il faut visiter les deux « côtés » pour mieux comprendre la ville et surtout son histoire. L’autre « côté » justement c’est donc la lutte pour les droits civiques dont Montgomery fût l’un des épicentres. L’histoire la plus célèbre est celle de Rosa Parks.

Nous sommes dans les années 1950. A cette époque le système des bus de Montgomery est en quelques sortes un « modèle » de ségrégation. Les noirs n’ont pas le droit de s’asseoir sur les sièges des blancs et en cas de litiges la loi les oblige à céder leurs sièges aux blancs, sans distinction d’âge ou de condition physique. Evidement plusieurs organisations noires organisent régulièrement des opérations où le but est toujours le même, les noirs doivent s’asseoir aux places des blancs. Ça n’a jamais eu vraiment d’impact jusqu’à ce qu’une femme, Rosa Parks, refuse de céder sa place en prétextant (oh crime !) « être fatiguée ». Rosa Parks est arrêté le 1er décembre 1955 et c’est ici que les choses s’emballent. Les organisations politiques noires décident d’un boycott total des bus. Les travailleurs noirs sont alors gentiment priés de venir travailler à pied ou de prendre le taxi (taxis noirs bien entendu qui pour l’occasion ajustent leurs prix sur ceux des bus). Le boycott, relayé par les médias, acquiert le support de l’opinion publique. Les organisations à l’origine du boycott se rassemblent alors pour créer une structure globale en charge de coordonner les actions, la Montgomery Improvement Association, soit l’association pour l’amélioration de Montgomery. Si l’association, présidée par un avocat des droits civils du nom de E.D Nixon, n’a pas gardé de grande importance historique, en revanche elle met en lumière la personnalité charismatique de son porte-parole, un pasteur de 26 ans né à Atlanta du nom de Martin Luther King Junior. Au fur et à mesure que le boycott se poursuit, le système de bus, largement dépendant de sa clientèle noire, tourne au ralenti. Les conducteurs (blancs) de bus vides sont employés temporairement en tant qu’agent de police (sic). Le conflit devient petit à petit plus dur avec des attentats et des emprisonnements mais le boycott tient bon. Après 11 mois, en novembre 1956, le Cours Suprême des Etats-Unis déclare la ségrégation dans les transports en commun illégale.

Au coin de Decatur Street et de Dexter Avenue, tout près du capitole, se trouve la petite église en brique rouge dont Martin Luther King était le pasteur. Les tours guidés de la Dexter Avenue King Memorial Baptist Church sont à réserver au moins une semaine à l’avance et coûte 2$. Après le boycott King restera pasteur dans cette église jusqu’en 1960 avant de retourner dans sa ville d’Atlanta. Il reviendra plus tard à Montgomery à l’occasion de la marche de Selma. L’église est un monument historique qui a été conservé telle qu’elle était à l’époque de King. Une fresque illustre sa vie sur un des murs. C’est une église très modeste et honnêtement peu remarquable mais une étape clé dans l’histoire américaine toute entière.

A un block de l’église, à l’angle de Hull Street et de Washington Avenue, le Civil Rights Memorial Center est le site principal du circuit des droits civiques de Montgomery. Il est à côté du Southern Poverty Law Center, une administration chargée d’aider les victimes d’attaques raciales (qui sont désormais aussi bien noires que blanches, signe des temps dans une société américaine qui se gangrène silencieusement). Le Civil Rights Memorial est un monument avant tout symbolique plutôt qu’un musée. C’est un cône de granit noir sur lequel est inscrit le déroulement des événements de la lutte pour les droits civiques. Pour marquer le goût d’inachevé les inscriptions s’arrêtent net à l’assassinat de Martin Luther King le 4 avril 1968. De l’eau coule doucement sur la structure. C’est le symbole de l’eau qui est le plus important. Il est expliqué par une citation de King gravé sur un mur, sur lequel coule également de l’eau. Martin Luther King est particulièrement célèbre pour son discours et sa phrase « I have a dream » (j’ai fais un rêve). Toutefois sa plus grande citation (reprise sur le mur du mémorial) est celle-ci : « We will not be satisfied until justice rolls down like waters and righteousness like a mighty stream ». Soit « nous ne serons pas satisfait avant que la justice ne soit fluide comme l’eau et vertueuse comme un puissant courant ». D’où le choix de l’eau qui coule sur le mémorial.

De l’autre côté de Downtown, à quelques blocks à l’ouest du mémorial, un bâtiment assez élégant abrite le Rosa Parks Museum (sur Montgomery Street, à l’angle de Molton Street, l’entrée coûte 6$). Il qui retrace l’histoire du bus et commémore la mémoire de celle qui est surnommée la « mère de la lutte pour les droits civiques ». Le musée présente également d’autres personnalités du mouvement. Dans l’absolu le musée est intéressant, surtout quand on est curieux de l’histoire, mais si Rosa Parks est « l’étincelle » qui a mis le feu aux poudres, elle n’était pas en réalité une personnalité atypique ou même très engagée comme Martin Luther King ou d’autres figures beaucoup moins célèbres comme E.D Nixon (l’avocat fondateur de l’association qui aboutira à la fin de la ségrégation dans les transports américains). Pour l’anecdote, de l’autre côté de la rue en face du musée se trouve un ancien cinéma des années 1930, aujourd’hui un charmant théâtre à l’architecture très typique des Us. Son nom : le Davis Theater. Il fût nommé ainsi en l’honneur du généreux donateur ayant œuvré pour sa rénovation. Les observateurs ne manqueront pas de noter que le nom de Davis est ambigu car il fait également penser à Jefferson Davis, le premier président des Etats Confédérés. Un nom qui ramène irrémédiablement… aux heures sombres. C’est le cercle paradoxal infini dans lequel semble se trouver malgré elle la ville de Montgomery.

Dans un registre bien différent les communautés de Montgomery se retrouve (pour une fois) autour de la mémoire de l’idole incontestable de la ville, Hank Williams. A moins d’être un fin connaisseur il s’agit d’un nom assez anonyme. C’est souvent le cas dans cet étonnant pays. De l’extérieur on voit généralement les Usa comme un « écraseur » de culture, un pays qui impose machinalement ses propres références au reste du monde. Ce n’est pas faux mais la réalité est une variation sur ce thème. Les Us imposent une culture à l’extérieur mais au sein du pays les références sont différentes. En parcourant le pays vous allez immanquablement découvrir que vous ne connaissez pas le tiers des passions et des célébrités américaines. Hank Williams, aussi peu connu qu’il vous paraisse, est donc bel et bien la star incontournable de Montgomery (et connu dans tout le pays), bien au-delà dans un sens de Martin Luther King. Alors qui est-ce ? De son vrai nom Hiram King Williams, Hank fût un chanteur de country né en Alabama et immensément célèbre dans les années 1950. Alors qu’il se rend à son concert pour le nouvel an de 1953 il décède d’une crise cardiaque à l’âge de 29 ans. De cette tragédie nait sa légende, qui ne quittera jamais Montgomery. A l’époque de sa mort son tube s’appelle « I’ll never get out of this world alive » (je ne sortirai jamais de ce monde vivant), ironie du sort. Le chanteur a mené une courte vie totalement débauchée entre alcool et drogue mais aura réussi à produire de nombreux single intemporel. Je vous encourage vivement à écouter les classiques que sont « Your cheating heart » ou « I’m so lonely i could cry », ne serait-ce que parce que ces chansons forment une parfaite bande-son pour la ville et l’Alabama. Hank Williams est célébré par un mémorial au Oakwood Cemetery Annex (une pierre en marbre gravée de son image et de ses textes), une statue sur Lister Hill Plaza (N. Perry Street) et un musée (Hank Williams Museum, 118 Commerce Street, ouvert tous les jours, entrée 7$) où l’on peut voir tous les objets de sa vie notamment la Cadillac dans lequel il se rendait à son dernier concert. Vous ne pourrez plus dire que c’est un inconnu (ce qui serra dans tous les cas très mal vu à Montgomery).

Largement en dehors de Downtown, à 10 miles au sud-est, passé l’Eastern Blvd (sorte de périphérique extérieur), l’agréable Blount Cultural Park est le pilier de la culture à Montgomery. La ville aimerai être un centre des arts reconnu mais ce n’est pas encore tout à fait le cas. Toutefois on y trouve le Montgomery Museum of Fine Art (musée des beaux-arts, ouvert tous les jours sauf lundi, entrée gratuite) qui possède une large collection couvrant deux siècles d’art américain ainsi qu’une sélection de pièces de maîtres européens (Picasso, Rembrandt). Un sympathique café domine le lac du parc. Le musée propose un programme intitulé Artwork ayant pour but de rendre l’art amusant pour les enfants et les néophytes (à condition qu’ils soient de préférence… des enfants). Quasiment en face, un grand bâtiment de briques rouges (le Carolyn Blount Theater) abrite l’Alabama Shakespeare Festival qui propose des spectacles toute l’année (de Shakespeare évidement mais aussi d’autres auteurs et même des pièces de Broadway). C’est le cœur artistique de Montgomery.

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