Population : 212.038 (1.128.000 dans l’agglomération)
Voici la principale ville de l’Alabama. A une centaine de miles au sud de Huntsville, Birmingham est une cité importante que peu d’américains connaissent une fois sortie de l’état. C’est une ville récente construite à partir des années 1870 sur des terres agricoles à la jonction de deux voies ferrées dans la Jones Valley. Ce qui a attiré ici les pionniers ce n’est pas le paysage (plutôt classique) mais ce qui se trouvait en dessous, à savoir des réserves importantes de charbon, de minerai de fer et de grès. Autrement dit tout ce dont l’industrie et la sidérurgie peuvent rêver. Rapidement les industries lourdes sont sorties de terre jusqu’à ce que la grande dépression y mette un terme. Aujourd’hui la production de fer et d’acier, en déclin total, ne représente plus que quelques milliers d’emplois dans la région alors même qu’il semblait bien difficile de trouver un autre job ici à une certaine époque. Évidement la fin de l’industrie lourde n’a pas été une mauvaise nouvelle en soi pour Birmingham. Les services et l’industrie médicale ont transformé la ville polluée et grise en une métropole assez prospère et vivante. Loin de moi l’idée de prétendre que Birmingham soit une destination incontournable mais c’est une cité importante et relativement sous-estimée. A entendre les habitants de New York ou de Chicago la ville est peuplée de ploucs qui habitent tous dans des caravanes et ne semblent pas comprendre même les émissions de télévisions les plus débiles en dehors des publicités pour les bières. La réalité est absolument différente et Birmingham n’est ni plus ni moins qu’une ville de province assez classique des USA, avec un certain charme. Autrefois surnommée la Pittsburg du sud en raison de ses industries polluantes (Pittsburg est une grande ville de Pennsylvanie connue pour sa pollution), la ville était également connue à l’époque de la lutte pour les droits civiques sous le sobriquet encore moins flatteur de Johannesburg américaine. Un surnom qui lui venait de la brutalité et de l’intolérance manifeste de ses forces de police. Dans les années 1960 les choses ont commencé à changer (voir ci-dessous la campagne pour les droits civiques en 1963) et en 1979 débutait le premier des cinq mandats de maire de Richard Arrington, le premier afro-américain à diriger la ville. De toutes les villes du grand sud Birmingham est incontestablement l’une des plus riches et elle se voit régulièrement dans le futur devenir la prochaine Atlanta. On en est plutôt loin mais certainement moins que ce que peuvent penser les new-yorkais !
Infos. La ville possède un aéroport situé à moins de 10 kilomètres de downtown. La plupart des vols vont ou viennent d’Atlanta qui est le hub régional. Inutile de vouloir visiter la ville en transports en communs (ou à pied évidemment, quelle idée !), seule la voiture est une option envisageable. Aucun problème pour en louer une comme d’habitude aux Us (tous les loueurs sont présents à l’aéroport ou en ville). Les trains Amtrack desservent la ville depuis New-York (un sacré voyage) et la gare se trouve en plein downtown sur Morris Avenue. Le visitor center se trouve à la sortie de l’autoroute I-20 au 2200 9th Avenue N. (ouvert la semaine). Vous trouverez également pas mal d’infos sur sweetbirmingham.com.
Dodo. Les hôtels se trouvent facilement à Birmingham, soit dans downtown (pour les chaînes haut de gamme) soit aux sorties des autoroutes pour les motels (et les hôtels moins fréquentables…). La semaine les hôtels de downtown sont plus chers.
Miam-Miam. La spécialité culinaire de Birmingham, comme dans pas mal de ville du sud-est, c’est le barbecue. On en trouve partout et la qualité est excellente. Downtown est un quartier très peu animé et mieux vaut se diriger plus au sud vers le quartier de Five Points South (20th street S. et 11th Ave S.) qui est le cœur animé de la ville. Dans les bars vous pourrez y boire un sweet iced tea, une délicieuse spécialité locale très très sucrée.
Shopping. Pour le shopping il faut se déplacer dans les banlieues ou l’on trouve les grands malls traditionnels. Le Riverchase Galleria est l’un des plus grands du pays. Le Summit et le Patton Creek ont des designs particulièrement soignés et sont plus haut de gamme.
Comme toute les villes américaine d’une certaine importance Birmingham comprend un centre-ville financier (appelé Downtown) qui au fil du temps est devenu un quartier anonyme et plus ou moins vide de toute forme d’animation (shopping, restaurants ou autre). Downtown s’étend au nord des voies ferrées jusqu’à Tenth Avenue N. au nord, bordé à l’est par 25th street et à l’ouest par 15th street. On trouve bien quelques exemples de buildings historiques le long de 20th street mais la grande majorité des constructions sont des immeubles impersonnels et modernes sans grand charme. Les rues arborées ne sont pas désagréables mas ne peuvent masquer le fait que les boutiques ont largement émigrées vers les shopping malls des banlieues. Donc à downtown les trottoirs sont pour ainsi dire désert et les quelques restaurants que l’on y trouve n’ouvrent que le midi en semaine pour la clientèle des bureaux. Seuls les hôtels proposent un peu de vie en soirée.
D’un point de vue touristique la partie la plus intéressante du quartier se trouve à la jonction de 16th street et de 6th avenue où les attraits sont la 16th St. Baptist Church et le Civil Rights Institute. Ces deux sites sont liés au plus important chapitre historique de la ville, la lutte pour les droits des populations noires.
Au début de l’année 1963 les leaders du mouvement des droits civiques choisissent Birmingham pour mettre en place le Project C (ou Project Confrontation). Le projet consistait en des actions semi-pacifiques pour forcer les entreprises à employer plus de noirs et les services à stopper la ségrégation. Mauvaise pioche, la police et les autorités de Birmingham ont réagis de manière particulièrement violente. Plus de 2000 personnes furent arrêtées, parmi lesquelles le Docteur Martin Luther King Jr, perçu localement comme un dangereux extrémiste. De la prison de la ville il écrira l’un de ses textes les plus connus, Letter from a Birmingham Jail (littéralement « lettre depuis une prison de Birmingham »). A l’époque la police de la cité est dirigée par le capitaine Connor, surnommé « la brute ». Ses méthodes, qu’il pensait probablement dissuasives, ont eu l’effet inverse en étant relayées par les médias et en créant dans l’opinion publique une exaspération qui s’est rapidement transformée en soutient pour le mouvement. En juin 1963 Birmingham sort officiellement de la ségrégation. A la suite de Birmingham, plus de 186 villes ont été le terrain du Project C. qui le 2 juillet 1964 abouti au Civil Right Act. Cet ensemble de loi est aujourd’hui l’un des fondements de la société américaine. Il rend illégale la discrimination sous quelques prétextes que ce soit (race, religion, sexe, couleur ou origine). Lors de votre séjour aux USA vous serez probablement confronté maintes et maintes fois au Civil Right Act sans même le savoir. Si vous feuilletez les offres d’emplois de n’importe quel journal local vous y verrez très clairement les références qui y sont faites. Paradoxalement vu de l’Europe c’est surtout une drôle de corrélation que nous retenons du Civil Right Act. En effet c’est en grande partie sur cet ensemble de lois que repose la propension américaine à faire des procès assez facilement, un cliché qui a la peau dure.
Quoi qu’il en soit le QG du Project C. initial de Birmingham était justement l’église de la 16e rue, la 16th Street Baptist Church. Son architecture est classique mais c’est surtout un lieu historique. C’est ici que le 15 septembre 1963 le Ku Klux Klan organisa un attentat à la bombe qui tua 4 jeunes filles noires. L’histoire est détaillée dans l’église. Assez tristement seuls deux des auteurs de l’attentat seront emprisonnés, le plus triste étant que leur jugement a eu lieu en l’an 2000 soit près de 40 ans plus tard.
De l’autre côté de la rue, le Civil Rights Institute est un bâtiment à l’architecture classique mais c’est un musée intéressant. Il tente d’analyser les causes de cette haine raciale qui a longuement (et continu encore parfois) de ternir l’image des USA. Les expositions recréent la vie au temps de la ségrégation. Le musée est ouvert tous les jours sauf le lundi et l’entrée coûte 8$.
En dehors de ces deux sites, Downtown est très pauvres en points d’intérêts. Face à l’église et au musée, le Kelly Ingram Park est un sympathique parc comprenant le Freedom Walk, un chemin bordée de sculptures décrivant l’histoire tumultueuse des relations entre les noirs et les blancs dans la ville. Le parc, autrefois un lieu de rassemblement du Project C. est aujourd’hui surtout peuplé de homeless. Quand l’Amérique troque un mal pour un autre…
Les amateurs de jazz pourront se rendre à l’historique Carver Theatre for the Performing Arts sur Fourth Ave. N. qui comprend le Alabama Jazz Hall of Fame (entrée gratuite). On y découvre toutes les grandes figures du jazz ayant un lien (plus ou moins profond) avec l’état de l’Alabama. Inutile de dire que ce n’est pas la peine de faire un grand détour pour y venir.
Sortie de downtown, Birmingham ressemble à une ville américaine moyenne comme il en existe des dizaines dans le pays, mais toujours aucunes traces de caravanes ! La bonne surprise vient du quartier de Five Points South, situé au sud de downtown et centré autour de 20th Street S. et de 11th Avenue S. A proximité du campus de l’université, Five Points South est un ensemble de petites rues agréables et remplies de bars, de restaurants et de quelques boutiques. Le quartier est plein (surtout d’étudiants) le weekend, même si ce n’est pas Times Square.
Au nord-ouest de downtown, face aux hôtels Sheraton et Westin (qui vous sembleront démesurément grands), à l’angle de 22nd Street et Tenth Avenue N. se trouve le grand bloc de béton du Birmingham-Jefferson Convention Complex (qui s’appelait avant le Birmingham-Jefferson Civic Center et qui est toujours indiqué sous son abréviation BJCC, pratique car ça colle aux deux noms). Cette grande soucoupe massive est avant tout un palais des congrès et comprend également des salles de spectacles et de théâtre. La grande salle de 19.000 places accueille les shows nationaux en tournée (et beaucoup de catch) tandis que la salle de concert accueille les shows de Broadway en tournée. On y trouvait avant l’Alabama Symphony Orchestra qui est désormais en résidence à l’université. Cela dit l’attraction touristique principale (si on peut dire) est l’Alabama Sports Hall of Fame (entrée à 5$, ouvert tous les jours) qui rend hommage aux grands sportifs de l’état dont le héros des jeux olympiques de 1936 Jesse Owens et Le Roy Paige qui était considéré comme le plus grand joueur de baseball de la défunte Negro League, une coupe où ne jouaient que des noirs. Le musée n’ayant pas un intérêt essentiel il semble que la grande majorité des visiteurs soient des congressistes en pause.
En revenant vers Downtown en repassant sous l’autoroute I-20/I-59 on tombe immédiatement sur le Birmingham Museum of Art (parking gratuit pour les visiteurs juste après le pont des autoroutes sur 21st Street, le musée est gratuit et ouvert tous les jours sauf lundi). Comme je vous l’ai dit (et répété mais vous n’écoutez pas !) Birmingham n’est pas le trou paumé peuplé de Croc-Magnons que les américains du nord décrivent. Ce musée imposant, l’un des plus importants du sud-est, est une petite fierté pour la ville. Son architecture moderne en cubes (vaguement Art Déco) est (je trouve) particulièrement attractive. S’il existait un style cubes de béton vaguement Art Déco le building aurait sans doute valeur de modèle. Construit en 1951 (et rénové au début des années 1990 par un architecte new-yorkais), le musée propose plus de 24.000 œuvres (principalement des peintures et sculptures). Il est tout particulièrement réputé pour ses collections d’art asiatique mais les peintures américaines sont plus accessibles pour le grand public. L’une des œuvres majeures est un superbe tableau de Albert Bierstadt (dont le rapport notoriété / talent est sommes toute très mauvais) du Yosemite (parc national de Californie) intitulé sobrement Looking Down Yosemite Valley. Comme l’entrée au musée est gratuite, si vous êtes à Birmingham (ce qui est déjà quelque chose de farfelu) ne partez pas sans y faire un tour (car vous n’y reviendrez pas nous le savons bien). Pour l’anecdote étrange sachez que le musée est une référence mondiale pour ce qui est des collections de céramiques vietnamiennes.
Légèrement à l’est de Downtown, à la jonction de First Avenue N. et de 32nd Street, l’autoroute passe à côté d’une usine tellement classique qu’elle pourrait servir de décor de cinéma. Il s’agit de la Sloss Furnaces (c’est écrit dessus) soit l’entreprise des « Fours de Sloss » (du nom du fondateur). A l’époque où Birmingham était un haut lieu de l’industrie lourde, la Sloss produisait de la fonte brute pour les fonderies de la région. Fermée en 1971 elle à été conservée en l’état et classée monument historique. Les conditions de travail dans les fours étaient particulièrement dures d’autant que beaucoup d’employés n’avaient pas trop le choix (ils étaient soit esclaves soit prisonniers soit immigrants sans aucunes qualifications). Je doute que ce soit votre priorité mais l’usine se visite (c’est gratuit) et c’est assez impressionnant.
Au sud de Downtown, sous le quartier de Five Point South, le Vulcan Park est un grand et beau parc urbain (assez sauvage et représentatif de la nature de la région qui est douce sans être exceptionnelle de beauté). Son intérêt majeur réside dans une grande colonne en haut de laquelle repose une statue en fonte de 17 mètres de haut représentant le dieu romain Vulcain (dieu du feu et de la forge). L’aspect le plus intéressant est qu’il est possible de monter sur la colonne pour apprécier un beau panorama sur la ville et la skyline (les buildings de Downtown).