Gettysburg, Pennsylvanie

Gettysburg Pennsylvanie

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Population : 7.660

Le nom de Gettysburg ne dit pas grand-chose à l’écrasante majorité des visiteurs européens. Rien d’anormal toutefois, cela confirme simplement que le cliché de la culture américaine impératrice n’est rien de plus… qu’un cliché. Je le répète régulièrement, la culture et l’histoire américaine sont tout à fait propres au pays et ne se sont pas exportés si bien que cela. Il n’y a qu’à prendre l’exemple du baseball pour s’en convaincre réellement. Ce qui s’est exporté partout dans le monde, c’est une partie de l’industrie américaine que nous appelons les multinationales. A l’image des règles du baseball auxquelles personne ne comprend rien en dehors des Usa (et du Japon), Gettysburg est un nom que tous les américains, petits et grands, connaissent. C’est un peu, toutes proportions gardées, l’équivalent de la « bataille de Marignan – 1515 » en France.

La petite ville de Gettysburg, située à environ 50 kilomètres au sud de Harrisburg (capitale de l’état) et à proximité de la frontière avec l’état du Maryland, ne ressemble de loin (mais alors très très loin) qu’à une petite cité classique du fond de la campagne de Pennsylvanie. Son immense notoriété lui vient d’une tragique bataille de la Guerre de Sécession qui s’est déroulée ici au début du mois de juillet 1863. C’est la bataille la plus importante de la guerre et de loin l’une des plus importantes dans l’histoire des Etats-Unis. La bataille de Gettysburg est entrée dans l’histoire pour avoir été l’une des plus meurtrière de l’histoire, avec près de 50.000 soldats tombés au front. Aucune bataille menée par les Usa, avant ou après Gettysburg, n’a causé autant de perte en soldats américains. Le tiers des soldats engagés dans la bataille y sont tragiquement restés. Gettysburg est également historique pour être le véritable tournant de la guerre entre les états du nord (les Etats-Unis) et ceux du sud (les Confédérés) qui verra la défaite de ces derniers.

Concrètement le contexte de la bataille prend place quelques mois auparavant. Les armées du sud, particulièrement celle de Virginie du Nord, déjà bien engagées vers le nord sont alors galvanisées par d’étincelantes victoires sur les champs de batailles face à la grande armée du nord, l’armée du Potomac. Les forces du sud avancent inexorablement mais l’armée des Etats-Unis, mené par le général Meade aux ordres du président Lincoln, forme un front à la limite sud d’un état clé, la Pennsylvanie. Le but était de ne pas laisser l’armée du sud s’engager vers la capitale Harrisburg. Les hostilités débutent le 1er juillet 1863 aux abords du village de Gettysburg. La bataille durera 3 jours, pour s’achever sur un dernier assaut en plein jour, connu sous le nom de Pickett’s Charge, de l’armée du sud impliquant près de 12.500 soldats et repoussée par l’armée du nord qui en sort victorieuse.

Quatre mois plus tard, le 19 novembre précisément, le président Abraham Lincoln fit un discours historique, la Gettysburg Address. Son discours de deux minutes, en mémoire de tous les soldats morts, est aujourd’hui considéré comme l’un des fondements de la nation, à la base notamment de l’idée d’une Amérique fière et unie. Ironie de l’histoire, Lincoln n’a pas forcément mesuré l’importance de son discours qu’il commença par ces mots : « le monde ne remarquera certainement pas, ni se souviendra longtemps, de ce qui va être dit ici »… Comme quoi on peut écrire l’Histoire en prétendant le contraire.

En tout cas pour les visiteurs de Gettysburg, difficile d’oublier le fameux discours tant il est mis en avant ! Car Gettysburg est incontestablement le champ de bataille le plus exploité de l’Amérique et il est entièrement tourné vers le tourisme (surtout domestique). Ici se rejoue inlassablement chaque micro-événement et chaque détail de la bataille de 1863. Il n’est pas évident d’y éviter le marketing outrancier mais il est assez simple de s’éloigner des foules et d’explorer seuls les collines du champ de bataille, qui font désormais partie d’un parc national.

La ville

La petite ville de Gettysburg en elle-même se situe un peu au nord des champs de bataille. Si vous n’aimez pas les statues de cires, inutile de vous rendre au National Civil War Wax Museum ou encore au Hall of Presidents and First Ladies. A noter que les deux musées sont des monuments du patriotisme à l’américaine. La ville ne manque pas de charme avec ses maisons anciennes. La plus intéressante (du moins pour son histoire) est la Jennie Wade House, ou maison de Jennie Wade, sur Baltimore Street. Jennie Wade fût, assez incroyablement au vue des chiffres, la seule civile tuée dans la bataille de Gettysburg. Elle fût atteinte par une balle perdue tandis qu’elle préparait du pain pour les soldats de l’Union (les Etats-Unis, le nord) dans la cuisine de sa sœur (je n’invente rien). Aujourd’hui la maison est intéressante car elle est restée plus ou moins figée depuis ce jour, le 3 juillet 1863. On y voit donc les impacts de balles dans la porte d’entrée notamment. Comme l’attrait pour les modèles de cire ne semble pas avoir de limite à Gettysburg vous trouverez également dans la maison une reproduction assez macabre de la pauvre Jennie Wade.

Le champ de bataille

Ce qui amène les visiteurs à Gettysburg c’est évidemment le lieu historique où s’est tenue la grande bataille. Pour arpenter le Gettysburg National Military Park il faut compter une petite journée (ou quelques minutes, cela dépend de votre degré d’intérêt). Le Visitor Center (office du tourisme) est également très certainement le meilleur musée de Gettysburg. On peut y voir les armes, les uniformes, les drapeaux et bien d’autres objets de la bataille. Juste en face de l’office se trouve le National Cemetery, avec au milieu des milliers de tombes le Soldiers’ National Monument qui marque l’emplacement du discours de Lincoln. Vous remarquerez que la très grande majorité des tombes ne portent pas d’autres inscriptions qu’un simple numéro. Sous le vernis un peu kitch du marketing qui entoure Gettysburg il ne faut pas oublier la violence de la bataille et de la cause pour laquelle des milliers de soldats sont tombés. Une autre issue lors de la bataille de Gettysburg aurait pu changer l’histoire du monde tel que nous le connaissons. Tout proche, le Cyclorama Center abrite une grande peinture qui décrit l’assaut de Pickett’s Charge et dans une pièce sombre, la première version connue du discours de Lincoln, la Gettysburg Address. Comme partout aux Usa, surtout pour ce genre de site, l’effervescence autour du lieu n’est pas forcément à la hauteur de ce que vous allez y découvrir. Dans l’absolu, le champ de bataille de Gettysburg n’est aujourd’hui qu’un ensemble de grands champs paisibles ponctués de collines. Seules les noms rappellent les évènements tels que Valley of Death (pas besoin de traduction), Bloody Run (la retraite sanglante) ou encore Cemetery Hill (la colline macabre). Des statues représentants des personnages ou des situations clés sont réparties sur le champ de bataille pour convaincre ceux qui ne verrait la que de vastes champs de blés et des pelouses pleines de cailloux.

Pennsylvanie

Pennsylvanie

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Population : 12.773.801 (6e) ; Capitale : Harrisburg ; Surnom : The Keystone State ; Superficie : 119.283 km² (33e)

L’état de Pennsylvanie est spécial. Si spécial d’ailleurs qu’il n’est pas un état, mais un Commonwealth (pour des raisons pratiques, je l’appellerai quand même « état »). Situé au sud de New York City, c’est un grand état d’une importance historique capitale pour les États-Unis. Excepté pour une petite ouverture sur le lac Érié peu significative, la Pennsylvanie est l’unique état sans accès maritime dans la région du Nord-Est. Les premiers Européens à explorer la région furent les Hollandais qui posèrent leurs pieds marins dans le coin au début du 17e siècle. Toutefois, ils n’y sont pas restés, beaucoup plus intéressés qu’ils étaient par la petite île d’une tribu indienne, les Manhattan. Assez étonnamment ce sont les Suédois (et oui) qui ont investi ce qui est aujourd’hui la Pennsylvanie en 1640. On le sait, les Suédois n’ont pas été très enthousiastes dans leur exploration de l’Amérique. D’ailleurs, je dis « on le sait », mais en réalité personne ne sait que les Suédois sont un jour venu en Amérique (je ne le savais pas non plus avant l’écriture de cet article). Quoi qu’il en soit les Suédois ne sont pas restés non plus et en 1664 ce sont les Anglais qui débarquent et prennent possession des environs.

Charles II, le roi anglais de l’époque, ayant une dette envers le patriarche de la famille Penn, se débarrasse de son représentant le plus gênant, son fils William Penn, en lui donnant cette terre dans la colonie en 1682. Willy est plus que ravi, car il était un fervent défenseur de la liberté religieuse. Il peut donc immédiatement mettre en œuvre sa vision d’un état libre, une véritable expérience d’amour fraternel où chacun serait affranchi. C’est évidemment une idée qui n’enthousiasme pas du tout les Anglais (mais alors pas du tout), qui se trouvent donc également enchantés de voir ce personnage loin de la mère patrie. Alors vous pensez certainement que j’exagère un peu sur les motivations de Penn Junior qui peuvent paraître extravagantes. Et bien pas du tout ! Vous allez d’ailleurs voir que cette idée de liberté (notamment de culte) va devenir l’un des fondamentaux de ce que l’on appelle aujourd’hui l’Amérique.

William Penn nomme sa nouvelle terre en l’honneur de son père et comme il n’y avait à l’époque principalement que d’immenses forêts dans la région, il penche pour le nom de Pennsylvania. Soit littéralement les forêts de Penn. C’est simple l’histoire finalement. Pour inciter à l’amour fraternel qui lui est cher, Penn signe un traité de cohabitation pacifique avec les Amérindiens. Ce monde de libertés et de paix, loin des oppressions de l’Europe, attire rapidement de nombreux adeptes, principalement des réfugiés religieux. Les quakers (membre d’une religion, un brin sectaire, issue de l’Église Anglicane et nommée Société des Amis, dont est issu Penn lui-même), les mennonites allemands et suisses puis, plus tard, les catholiques irlandais lors de la crise de la patate et la grande famine qui s’en suivit.

Voilà pour les bases de l’histoire de la Pennsylvanie. La principale ville de l’état sera Philadelphie (qui en grec signifie « amour fraternel » tout simplement). Les mennonites seront les célèbres amish. D’une façon générale la Pennsylvanie deviendra effectivement l’état de la liberté, site de la première capitale des États-Unis libres, abritant le plus grand symbole de la liberté dans le pays, non pas la Statue de la Liberté, mais la Cloche de la Liberté (Liberty Bell). Qu’on se le dise, la Pennsylvanie est la pierre angulaire de l’histoire de l’Amérique et la soif de liberté des Usa, son rôle de défenseur des opprimés, lui vient des idées de William Penn.

On comprend mieux dès lors pourquoi l’état est surnommé le Keystone State (l’état clé). Ce rôle de base idéologique est couplé à un rôle crucial de moteur dans le développement des États-Unis. Les politiciens et les savants ont été rapidement attirés par Philadelphie, ville de la Déclaration d’indépendance et de la Constitution américaine, et y ont largement développé les idées qui ont mené à la Révolution. Plus tard dans l’histoire du pays, la bataille de Gettysburg fut le grand tournant de la Guerre civile. Tous les Américains apprennent ce chapitre de l’histoire de leur pays, symbolisé par la Gettysburg Address, le discours d’Abraham Lincoln ou il évoque pour la première fois l’idée d’un « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». En terme économique, la Pennsylvanie fut une machine économique vitale pour le pays. Pittsburgh était au cours du 19e siècle le plus grand centre de production d’acier dans le monde. C’est toujours aujourd’hui un haut lieu de l’industrie aux Usa.

La Pennsylvanie est dominée par deux grands centres urbains, Pittsburgh et Philadelphie, chacun situé à une extrémité de l’état. Les deux villes sont animées et constituent deux étapes très touristiques (avec bien entendu un avantage pour Philadelphie). Entre les deux cités, l’état est principalement agricole, mais sur des centaines de kilomètres la géographie y est assez variée. De nombreux parcs naturels permettent de découvrir cet état très naturel. On y trouve des paysages de campagnes bucoliques à l’Est, d’immenses forêts sauvages à l’Ouest et les vallées non moins sauvages des montagnes Poconos au Nord-Est.

 

Les régions de l’état

L’état de Pennsylvanie est l’un des plus touristiques du pays. Sa destination principale est la ville historique et fascinante de Philadelphie, mais loin des lumières de la métropole l’état révèle de multiples visages. Depuis longtemps, les Américains considèrent la Pennsylvanie comme une destination phare dans leur pays et la fréquentation touristique y est donc très importante dans les principaux sites.

Philadelphie et sa région : Philadelphie n’est pas la capitale de la Pennsylvanie (ça serait trop facile), mais c’est incontestablement sa ville la plus importante et la plus passionnante. Grande ville chargée d’histoire, Philly (son petit surnom) est également une cité très vivante, régulièrement considérée comme le 6e borough de New York City pour sa vitalité culturelle et son animation. On vient également de loin pour y déguster une spécialité locale très réputée aux Usa, le cheesesteak (un délice). Dans le pays des chaînes et de la standardisation, vous ne trouverez jamais des cheesesteak aussi bons que dans leur ville natale.

Pittsburgh et sa région : Le « H » à la fin de son nom trahit sa valeur historique. Pittsburgh est une vieille ville, autrefois ravagée par l’industrie (dont elle fut l’un des moteurs au niveau mondial), la cité est désormais méconnaissable. Ville multiculturelle, vivante, commerçante et fière, Pittsburgh mérite les heures de route qu’il faut faire pour s’y rendre depuis Philadelphie. Autour de Pittsburgh, les paysages sont très vallonnés et la nature est sauvage.

Le centre de l’état : La Pennsylvanie centrale, traversée du nord au sud par l’imposante rivière Susquehanna, ne possède pas véritablement de grand centre urbain, mais c’est une région très touristique. La capitale de l’état, Harrisburg, est toutefois une excellente base pour découvrir cette région très fréquentée. On y découvre l’empire du chocolat de Hershey, le site historique de Gettysburg au Sud et bien sûr, l’une des régions les plus connues du pays, le Lancaster County, le pays des amish. Au Nord, près de l’état de New York, le paysage est brut notamment autour de Williamsport et du Grand Canyon de Pennsylvanie.

L’Ouest de l’état : L’ouest de la Pennsylvanie est depuis le début de l’histoire occidentale des Usa un point de passage quasi obligé vers les régions de l’Ouest. Cette zone de première importance en termes de commerce fut au centre d’une guerre entre les Anglais et les Français au milieu du 18e siècle. Au 19e siècle, la région est devenue une puissance industrielle avec l’exploitation de ses ressources minières et la création du premier puits de pétrole du monde à Titusville en 1859. Le tourisme et l’activité se concentrent évidemment autour de la métropole de Pittsburgh, mais l’Ouest ne se limite pas à Steel City (la ville de l’acier, le surnom de Pittsburgh). On y trouve de nombreux espaces naturels intéressants comme le Ohiopyle State Park ou encore l’immense forêt très verdoyante et indomptée d’Allegheny. Au sud de Pittsburgh, les amateurs d’architecture se doivent de visiter Fallingwater, le chef d’œuvre du plus grand des architectes américains, Frank Lloyd Wright. Loin de Philadelphie, isolée au nord-ouest de l’état, la ville d’Érié est la seule cité maritime de ce vaste état. C’est déjà le pays des Grands Lacs (en l’occurrence le Lac Érié). Le parc d’état de Presque Isle (remarquez l’ancien nom français) possède un attrait qui surprend les visiteurs avec ses grandes plages de sable et son cadre naturel. Il faut dire que les Grands Lacs portent bien leur nom, car il s’agit de véritables mers intérieures.