Le groupement de buildings situé plus ou moins au centre géographique de l’agglomération est en fait le centre de la ville du nom de Los Angeles (qui n’est donc qu’une partie de la zone urbaine à laquelle elle donne son nom, vous suivez ?). C’est aussi le cœur financier de la ville. Downtown Los Angeles est un quartier qui résume la métropole et englobe la quasi-totalité des aspects sociaux, économiques et ethniques qui constituent la Cité des Anges. Ce qui ne manque pas de surprendre lors d’une première visite à L.A c’est bien sûr le nombre très restreint de grands gratte-ciels, contrairement à ce que l’on pourrait attendre de la deuxième ville américaine. Paradoxalement Los Angeles est la grande ville la moins « haute » des Usa et il y a un bon paquet de villes moyennes dont vous n’avez sans doutes jamais entendu parler qui possèdent beaucoup plus de gratte-ciels que L.A. Il faut savoir de surcroit que la plupart des grands buildings sont relativement récents. Le City Hall (la mairie), une construction respectable mais peu impressionnante à l’échelle américaine, est resté l’immeuble le plus haut de la ville de 1928 (année de sa construction) jusqu’en 1960. Au cours de l’histoire de la ville, Downtown est très vite tombé dans le déclin, principalement après la seconde guerre mondiale. Ce n’est que très récemment que le quartier, porté par les millions de dollars des compagnies qui y ont leurs bureaux, s’est vu offrir une deuxième chance. Désormais c’est un quartier plutôt attrayant (ce n’était absolument pas le cas avant comme pourront vous le dire tous ceux qui ont connu la ville dans les années 1990) que l’on peut visiter à pied (de jour uniquement, la nuit vieux vaut prendre les taxis ou la voiture) et qui compte quelques bonnes adresses. Si vous n’avez que quelques heures à passer à L.A ce n’est pas ici qu’il faut venir mais pour ceux qui y passent du temps se serai dommage de ne pas y faire un tour. A noter que pour se déplacer dans Downtown il existe un système de bus appelé DASH qui sillonne le quartier (25 cents par trajet).
The Plaza Historic District (la ville historique)
Oui, je sais, c’est surprenant. Vous pensiez que depuis toujours Los Angeles n’est qu’une grosse masse d’autoroutes et de supermarchés. Pourtant je vous l’assure, un jour, il n’y a pas si longtemps, la ville fût un petit et jeune village typique de Californie (comprenez du Mexique). Le mieux dans tout ça c’est que ce village existe toujours (en quelques sortes, avec deux ou trois remaniement à l’américaine). Plus personne ne s’en souvenait car plus personne n’avait osé mettre les pieds dans ce coin de Downtown jusqu’à il y a peu (à moins d’être un consommateur de crack, vous voyez le tableau). Bon, c’est vrai, sur place vous allez vous dire qu’il n’y a rien à voir. Et laissez-moi vous dire que vous n’avez pas complétement tord mais en grattant un peu il est effectivement possible de se rendre compte de ce que Los Angeles a pu être au commencement. Je trouve cet endroit passionnant (j’avoue que le mot est peut-être un peu fort), autant parce qu’on y trouve vraiment quelques traces historiques, autant car c’est d’un kitsch assumé tout étant plutôt agréable.
Passé la première impression sarcastique (vous ne vous attendiez quand même pas à un vrai village mexicain, je vous avais parlé des remaniements…) on se rend compte que la partie la plus importante du Pueblo de Los Angeles Historic Park est résumé dans le mot « park » (comme dans « parc d’attraction »). Séparé du reste de Downtown par l’autoroute 101 (la Santa Ana Freeway), le quartier s’organise autour de la place centrale appelée sobrement The Plaza et qui fût globalement le site du village originel de la fin du 18e siècle. En fait c’était peut-être tout à fait ailleurs mais on est à L.A c’est un détail. Quelques constructions historiques subsistent. En elle-même la place n’est pas spécialement remarquable.
D’un côté de la rue on ne peut manquer la vaste église de La Placita (Nuestra Senora Reina de Los Angeles) qui est la plus ancienne de la ville (fondée en 1814, ce qui dans l’absolu n’est pas si ancien que ça). L’église ne manque pas de charme mais pour les Angelenos (habitants de Los Angeles) La Placita est surtout synonyme de refuge pour les immigrés clandestins d’Amérique Centrale. A priori à mesure que Los Angeles se transforme en une ville latine il devient de plus en plus évident que l’accueil des clandestins constitue au moins la moitié des activités d’un bon nombre des églises de la cité. L’autre moitié des activités de La Placita se sont les messes (logique). Probablement attisée par le succès des messes gospel à Harlem l’église propose des messes mariachi chaque dimanche. Si vous êtes dans le coin cela vaut vraiment le coup d’œil (et puis c’est un peu plus fun que l’orgue).
En partant de la Plaza il n’y a réellement qu’une rue intéressante, c’est Olvera Street. C’est en fait une version très arrangée de la rue historique qui devait exister ici auparavant et, dans l’ensemble, c’est très kitsch. La rue propose divers stands d’artisanats et de restaurations. On peut également y visiter l’Avila Adobe qui est la plus ancienne maison de Los Angeles. Tout ceci est plus théorique qu’autre chose car si le building original date de 1818, sa version actuelle fût largement reconstruite en 1971 suite à un tremblement de terre. L’intérieur est un musée représentant les pièces de la maison telles qu’elles devaient être à l’époque. L’entrée est gratuite n’hésitez pas (oui j’ai vu que vous alliez hésiter à visite la maison, d’ailleurs même Los Angeles l’a vu c’est pour ça que c’est gratuit).
Pour en apprendre un peu plus sur le Pueblo, vous pouvez vous rendre à la Sepulveda House. Cette belle maison historique de style Victorien comprend l’office du tourisme du quartier et présente un petit film sur l’histoire du site. Au sud de la Plaza le Pueblo est moins intéressant (…) mais on y trouve tout de même le Garnier Building. Ce building qui n’a pas du tout l’air latin faisait partie à une époque du quartier de Chinatown. Il fût en partie détruit pour faire de la place pour la construction de l’autoroute (désolé). Du coup désormais il n’est plus du tout dans Chinatown. Une anecdote intéressante qui souligne assez bien le peu d’intérêt que L.A porte à la nostalgie et d’une façon générale à l’Histoire. Toutefois en dédommagement le building abrite le musée des Sino-Américains (Chinese American Museum) qui détaille l’histoire, la société et la culture de la communauté chinoise de Los Angeles.
Civic Center
Au sud du quartier historique de Los Angeles se trouve le noyau de Downtown où sont situés les administrations, les buildings de bureaux et les divers tribunaux. Il s’étend sur quelques blocks au sud de l’autoroute Santa Ana. Ce quartier possède la distinction d’accueillir le plus d’employés du gouvernement après Washington. Rien qui ne sonne très prometteur d’un point de vue touristique. En journée avec l’animation des bureaux ce n’est pas un secteur déplaisant. C’est assez verdoyant et on y trouve quelques beaux buildings, le site d’observation du City Hall et des visites gratuites du gratte-ciel du Los Angeles Times. La nuit l’ambiance se détériore même si ce n’est plus le no man’s land que c’était il y a quelques années encore. D’un point de vue architectural c’est un quartier passionnant.
De façon étonnante le Civic Center comprend un bâtiment qui n’est pas directement situé dans le quartier. Union Station est la gare principale de Los Angeles et elle se trouve au nord de l’autoroute, de l’autre côté de la rue du Pueblo. C’est une splendide construction, très impressionnante et très photogénique. Je trouve la station plus intéressante à l’extérieur sur le plan architectural (style espagnol coloniale avec de beaux jardins) mais il faut y entrer pour se rendre compte des proportions. Union Station est la plus grande gare de l’ouest américain et voit défiler près de 60.000 passagers par jour. Depuis la station il est possible d’emprunter le réseau des trains Amtrack (les longues distances) dont les noms sont tellement romantiques, le Texas Eagle, le Pacific Surfliner ou encore le Sunset Limited.
Le long de Grand Avenue se trouvent plusieurs institutions culturelles regroupées sous l’appellation générique de Music Center. Le Civic Center s’organise plus ou moins autour de la place centrale du complexe mais ce n’est pas véritablement un lieu de vie. Parmi d’autres le Music Center est la résidence du Los Angeles Opera et du Los Angeles Philharmonic. Quatre bâtiments majestueux se succèdent le long de Grand Avenue et accueillent tout au long de l’année les amateurs (nombreux) de musique, théâtre, dance et opéra à Los Angeles. Si c’est votre tasse de thé il y a fort à parier que vous y viendrez un soir. Le Music Center est à L.A ce que le Lincoln Center est à New York. Si le complexe de Los Angeles est moins animé (royaume de la voiture oblige) il n’est en revanche pas moins attrayant au niveau architecturale. Le chef d’œuvre incontestable du Music Center est le Walt Disney Concert Hall qui se situe au sud de Grand Avenue. Conçu par l’architecte Frank Gehry et financé en partie par Lillian Disney la veuve de Walt, le building est spectaculaire avec ses formes courbées et découpées. De nuit c’est un bâtiment magnifique. Le Disney Hall accueille des avant-premières de films, des concerts et le Los Angeles Philharmonic. Comme partout en Amérique pour vous tenir au courant des événements et acheter vos billets rendez-vous sur internet sur des sites comme ticketmaster.com.
Le nom même du Walt Disney Concert Hall me permet de faire une petite parenthèse sur un phénomène encore tout récent en Europe mais déjà très implanté dans la culture américaine, le mélange entre business et loisirs. Aux Usa il vous sera bien difficile de trouver un stade, une salle de concert ou à vrai dire n’importe quel bâtiment qui ne soit pas directement sponsorisé par une entreprise et porte son nom. On a des AT&T Arenas, des Verizon Stadium, du MetLife Stadium, du Barclay’s Center, du Coca-Cola City Fields, du Chevrolet Convention Center… j’en passe et des meilleurs. Parfois il s’agit d’une petite entreprise locale dont personne n’a entendu parler. Bien souvent les équipes sportives et les compagnies culturelles sont également sponsorisée et se produisent ou jouent parfois dans des endroits sponsorisés eux-aussi mais pas par la même entreprise. C’est le phénomène des franchises. Dans son livre The Lost Continent (que je vous conseille fortement), l’auteur Bill Bryson revient aux Usa après avoir longuement vécu en Angleterre. Dans un chapitre il résume la bizarrerie du système des franchises car la plupart des équipes sportives qu’il a connu portent toujours le même nom mais ne jouent plus du tout pour la même ville.
C’est fou, non ?! Revenons au Civic Center. Légèrement au nord du Music Center vous ne pourrez pas manquer l’immense forteresse de béton beige que constitue l’église Our Lady of the Angels (Notre Dame des Anges). En réalité si la première impression est peut-être un peu brutale je trouve personnellement que l’architecture de cette église est superbe. L’extérieur très moderne et massif contraste avec la finesse et la luminosité de l’intérieur dont les décors sont exquis. Je vous encourage vivement à y entrer. D’une taille impressionnante l’église peut accueillir jusqu’à 3000 personnes.
Quelques blocs plus loin vers l’est, l’imposant bâtiment Art Deco du City Hall (la mairie de L.A) est également une étape architecturale intéressante. Comme de nombreux City Hall aux Usa il fût le plus haut immeuble de la ville pendant plusieurs décennies. Notez, même si c’est assez peu flagrant, que le sommet est censé ressembler à l’une des merveilles du monde antique, le Mausolée d’Halicarnasse. Le monument ne se visite pas (il faudra vous faire élire à la mairie pour cela). En revanche, et cela me semble bien plus intéressant, il est possible d’accéder à un point de vue situé au 28e étage.
L’attraction la moins connue (mais pas la moins intéressante) du Civic Center reste la visite de l’immeuble du quotidien Los Angeles Times. D’une part le building possède une architecture remarquable (à l’intérieur car à l’extérieur c’est une grosse masse de béton), d’autre part je trouve que l’idée d’entrer dans les coulisses du plus grand journal de la côte ouest (tiré tout de même à plus de 650.000 exemplaires chaque jour) aiguise forcément la curiosité. Les tours sont gratuits mais ont lieux à intervalles irréguliers. La visite est intéressante même si il ne faut pas s’attendre non plus à découvrir tous les secrets de L.A Times. Afin de participer au tour il faut absolument appeler pour demander des informations et réserver (+1 213 237 5757). Le building se trouve au croisement de South Spring Street et West 2nd Street.
Bunker Hill
Il fût une époque (grosso modo autour des années 1900) où le quartier de Bunker Hill était le secteur le plus élégant et recherché de toute la ville de Los Angeles. Ses demeures victoriennes étaient connectées au quartier des affaires (qui s’étendait alors au sud) par un petit train. Pour une raison que seules les villes américaines semblent connaître ce quartier qui avait l’air charmant est tombé dans une spirale de déclin pendant plus de 50 ans. Dans les années 1960 la rénovation de Downtown n’aura rien laissé de son ancienne image. A la place, Bunker Hill est devenu le Financial District de L.A, le quartier des gratte-ciels. Bordé par West 1st Street au nord et West 5th Street au sud, South Hill Street à l’est et l’autoroute 110 à l’est, Bunker Hill contient les plus grands buildings de la ville ainsi qu’une bonne partie de son activité économique qui ne soit pas liée à l’industrie du cinéma et de l’entertainment (les loisirs). Comprenez donc qu’il n’y a principalement que des banques et des assurances. En dépit de son côté un peu creux, dans l’ensemble c’est un quartier que je trouve attrayant, et c’est plus animé qu’on ne pourrait le penser. Ses grandes tours en verre côtoient des hôtels haut de gamme, des condominiums de luxe et l’un des plus grands musées de la ville (au moins en termes de réputation). Dernièrement il a incontestablement suscité une pointe d’intérêt avec l’ouverture de restaurants chics et de rooftop (bars sur les toits, à la new-yorkaise).
Pour commencer ce petit tour du quartier je voudrai vous parler d’un lieu anecdotique mais sympa. Sur la 5e rue entre Grand Avenue et Flower Street se trouve les escaliers de Bunker Hill (Bunker Hill Steps). Ils ne sont pas forcément évidents à trouver. Ces escaliers et leur fontaine sont un peu dans le style des escaliers de la Place d’Espagne à Rome (en nettement moins grandioses quand même). Ce passage attrayant est un bon point de départ pour visiter le coin ou prendre un café (en haut des marches) en admirant les buildings. Il illustre parfaitement le développement positif de Downtown car il y a quelques années c’était vraiment un coin plutôt glauque.
NYC possède son MoMA (Museum of Modern Art, si vous n’y êtes pas encore allé vous n’avez aucune excuse), L.A répond par son MoCA, qui ne signifie donc pas Museum of California mais Museum of Contemporary Art. Il se trouve au cœur d’un groupe de grands buildings de bureaux et d’appartements chics sur Grand Avenue peu avant le croisement avec W. 3rd Street. Ce bâtiment qui semble d’abord assez modeste est un regroupement de blocs géométriques rouge bordeaux. Il fût pensé par l’architecte Arata Isozaki comme un village dans la vallée des gratte-ciel (littéralement je n’invente rien). Je ne sais pas si c’est réellement l’impression que ça donne mais une chose est sûre l’architecture du MoCA est assez troublante. Les œuvres que l’on peut y voir exposées, peintures, sculptures ou installations multimédias, datent tous d’après 1940. Si visiblement quelques noms sont des pointures (mais je n’y connais pas grand-chose en art contemporain ne m’en voulez pas trop) la plupart des artistes exposés sont plutôt des étoiles montantes dont le travail se retrouve dans les galeries à la mode à travers le pays. Le paradoxe c’est que l’on a beau connaître personne et (avouons-le) carrément ne rien y comprendre, ce musée est tout de même passionnant et de nombreuses œuvres stimulent l’imagination. (L’entrée est gratuite tous les jeudis entre 17h et 20h, sinon entrée 8$, ouvert tous les jours sauf le lundi).
L’entrée au MoCA donne également accès à une annexe (le musée est en réalité une entité à trois têtes), le Geffen Contemporary qui se trouve à l’est de Downtown sur N. Central Avenue. Je reconnais que certaine œuvre du MoCA peuvent laisser un peu perplexe sur leur sens (et sur le fait que l’artiste ne soit pas complétement perché) mais croyez-moi ce n’est rien comparé au Geffen. Abrité dans un ancien garage de véhicules de police, en fait un immense entrepôt, il accueille la frange la plus underground de la collection du MoCA. Certaine œuvres sont grandioses, d’autres vous laisseront dubitatif. Enfin c’est comme ça que je le vois.
Le Geffen Contemporary me permet de rebondir facilement car il se situe dans un quartier excentré de Bunker Hill appelé Little Tokyo. Pas besoin d’être un génie pour comprendre qu’il s’agit d’un quartier japonais. A mon (humble) avis c’est l’un des secteurs les plus sympathiques de Los Angeles. Les américains des villes adorent les Little Countries (les mini pays) qui ne sont ni plus ni moins que des ghettos intéressants. Vous comprendrez bien vite également que les américains des champs en contrepartie sont beaucoup moins friands de la mixité (dois-je rappeler qu’il y a moins de 60 ans ils préféraient voir les afro-américains dans les champs de coton plutôt que dans les bureaux de vote). J-Town comme on l’appelle souvent est le cœur de la communauté nippo-américaine de L.A. C’est le plus grand quartier japonais des Usa et l’un des plus grands du monde après celui de Sao Paulo au Brésil. Il comprend des monuments, des sites historiques, des musées mais aussi bien entendu des restaurants, des boutiques et des jardins (les spécialités japonaises en sommes). A la différence de nombreux little country dont l’architecture est résolument américaine, ici on pourrait (presque) se croire (un peu) au Japon. C’est surtout vrai pour le secteur allant d’East 1st street au nord à E.3rd street au sud et bordant Central Avenue. Son épicentre est le Japanese Village Plaza, un mall à ciel ouvert et piéton, assez touristique mais très attrayant où s’alignent les sushi bars et les enseignes japonaises. L’entrée nord du mall est marquée par une tour très photogénique à l’architecture typique, la Little Tokyo Watchtower. Le centre culturel du quartier (qui compte également de nombreuses galeries) est le Japanese American National Museum (entrée 9$, ouvert tous les jours sauf le lundi). Il expose des objets très divers qui vont des origamis à de l’artisanat japonais et raconte l’histoire de la communauté. C’est assez intéressant et cela permet de mieux saisir le pourquoi de la présence des japonais en Californie.
Retournons dans Bunker Hill. Comme tous les quartiers financiers des Usa ou presque l’une des tours est occupée par une entreprise du nom de Wells Fargo. Pour les européens c’est un nom qui n’évoque pas grand-chose. Pour un américain c’est le nom d’une banque avec un logo plutôt laid qui un jour ou l’autre lui prendra les clés de sa maison lorsque le prêt qu’il avait contracté à 2% est soudainement passé à 14 puis à 29% en trois semaines. Toujours choisir une banque à son logo mon ami ! Situé en diagonal du MoCA sur Grand Avenue se trouve le Wells Fargo Center. Ces deux grands buildings répondent au MoCA par leur architecture moderne aux teintes rouges. Il est étonnant de savoir que malgré le nom du complexe, Wells Fargo n’occupe que quelques étages dans l’une des deux tours. Là où ça devient plus ou moins intéressant pour les visiteurs c’est que le complexe comprend un musée sur la banque. Vous allez me dire mais pourquoi ça aurait un intérêt quelconque ? Tout simplement car l’histoire de Wells Fargo repose en partie sur la ruée vers l’or. Le musée est gratuit (je reconnais que sinon je n’en aurai pas parlé). Pour l’anecdote amusante on notera que la banque fût fondé par Wells et Fargo, deux sympathiques (ou peut-être pas) messieurs qui ont également crée American Express. Une belle carrière, c’est certain.
Parmi les différents buildings de Bunker Hill il y en a un qui est assez singulier. Difficile de le manquer avec ses immenses tubes en verre. Il s’agit du Westin Bonaventure, le plus grand hôtel de Los Angeles. L’hôtel est l’une des belles œuvres architecturales de L.A et il vaut le coup d’œil. Il faut également y entrer pour voir le lobby et prendre l’un des nombreux ascenseurs et accéder au toit. Les ascenseurs sont les véritables stars de l’établissement, ayant joué un rôle dans pas mal de films d’actions dont le plus connu est sans doute True Lies (avec celui qui deviendra le gouverneur de Californie plus tard, le monde est si petit). Il faut dire qu’il s’agit d’ascenseurs extérieur vitrés, ce qui donne un effet assez impressionnant et des vues sur Downtown qui sont saisissantes.
Broadway
A une époque Broadway était le cœur du shopping et des loisirs à Los Angeles. C’était le quartier des théâtres et des grands magasins. En sommes le coin le plus recherché de la ville. On ne va pas se mentir, les temps ont changé. Cependant l’avenue constitue toujours l’artère principale de Downtown, au moins techniquement parlant. Au nord de la 3e rue, Broadway ne ressemble ni plus ni moins qu’à une avenue américaine classique, plutôt vide. Sous la 3e rue, l’avenue vous conduit directement en Amérique Latine. On y trouve de nombreuses boutiques de vêtements, plutôt cheap, des magasins de babioles et de nombreuses chaînes américaines transformées pour l’occasion en succursales latines (ne comptez pas commander votre Big Mac en anglais). L’animation qui y règne est assez surprenante comparée à l’image désertique qui colle habituellement au rue de Los Angeles (et qui n’est pas vraiment fondée je dois dire).
Pour découvrir les saveurs du Broadway d’aujourd’hui arrêtez-vous au Grand Central Market, entre 3rd et 4th Street. Vous pourrez y goûter l’atmosphère de ce Los Angeles peu touristique et, par la même occasion, à la cervelle de mouton, entre autres produits phares. Rassurez-vous il y a aussi des produits beaucoup plus classiques !
Très clairement l’architecture historique n’est pas le grand point fort de L.A et Broadway est l’un des rares coins de la ville qui peut se targuer de posséder des bâtiments vieux de plus de 100 ans. A commencer par le Bradbury Building face au Grand Central Market. Ce n’est pas forcement indispensable de faire le tour du monde pour venir voir le Bradbury mais puisque vous êtes en face il sera dommage de ne pas jeter un œil à son magnifique intérieur, inondé de lumière, entouré de balcons en fer forgé et de cages d’ascenseurs totalement ouvertes. C’est plutôt difficile à décrire, mais très photogénique.
Broadway fût à son apogée un quartier de théâtres et des cinémas quasiment digne de son homologue new-yorkais. Désormais il ne reste surtout que le souvenir de cette époque et les bâtiments qui bordent l’avenue. L’Orpheum est le dernier des cinémas de l’avenue datant de cette période et encore en activité. Au niveau de son architecture et de sa décoration il est plus proche d’un grand opéra que du multiplexe de banlieue et c’est, je peux vous l’assurer, l’une des plus belles salles du monde où apprécier un bon film.
Skid Row
Je ne ferai pas un très bon journaliste, et encore moins un bon guide si j’omettais de vous parler de Skid Row dans cet article sur Downtown L.A. Je parle souvent du paradoxe américain car les USA sont pour moi à la fois le pays le plus extraordinairement riche qui soit et le plus misérable possible. Il est réellement possible de rencontrer parfois au détour d’une rue une pauvreté que bon nombre de pays du tiers-monde ne connaissent plus. C’est le cas du quartier de Skid Row. A l’est de Main Street, à l’ouest de Alameda Street et entre les 3e et 7e rues, Skid Row est le lieu le plus mélancolique et déprimant des Etats-Unis. Dans l’ombre des buildings scintillants de Bunker Hill, le secteur est un infernal taudis où des milliers de personnes vivent dehors sur des cartons et dans des poubelles. Le mélange de violence et de drogues y est apocalyptique. Dans l’absolu ce n’est même pas un ghetto car une grande majorité des bâtiments sont des entrepôts à l’abandon et personne n’y possède véritablement de logement. Skid Row est le symbole même de ce que ce grand et fabuleux pays ne devrait pas tolérer. Pourtant c’est ici et des milliers d’automobilistes traversent cet endroit misérable chaque jour sans y faire attention. N’y aller surtout pas en touriste, c’est vraiment dangereux, mais n’oubliez pas que pour tout Beverly Hills dans la lumière il y a un Skid Row dans l’ombre quelque part. Malheureusement.